La semaine dernière, la ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication a annoncé la transformation de la Grande-Poste d'Alger en un musée. Cette transformation coûtera au contribuable la bagatelle de 80 milliards de centimes de dinars. Comme en Afrique du Sud, en Tunisie ou au Maroc, l'Algérie mérite, certes, un musée consacré à l'histoire de la poste et des télécommunications du pays, surtout que celle-ci, riche et diversifiée, remonte à plusieurs décennies avant l'indépendance. Une transformation oui, mais à quel prix ? D'aucuns n'ignorent la situation catastrophique dans laquelle se trouvent les musées déjà existants. Alors qu'ils avaient bénéficié en 2009 d'une subvention de fonctionnement globale d'environ 83 milliards de centimes, les 8 musées nationaux, répartis à travers le territoire national, avaient attiré seulement 94 205 visiteurs, soit le même nombre enregistré 18 ans auparavant dans des circonstances financières et sécuritaires, bien entendu, beaucoup moins favorables. Le musée du Bardo à Alger a, par exemple, attiré 9464 visiteurs en 2009, soit presque le même nombre de visiteurs qu'enregistre le Musée du quai Branly à Paris en une seule journée ! Ainsi, la mauvaise gestion des musées en Algérie a transformé ces structures culturelles de transmission du patrimoine matériel et immatériel en cimetières budgétivores. Les responsables en charge de la culture refusant de reconnaître qu'il y a là un problème à régler, ils ont aggravé la situation en prenant des décisions maladroites. En voulant établir une grille de tarification à « l'européenne », qui ne prend pas en compte les réalités sociales et économiques nationales, il en a multiplié par dix le prix d'accès aux musées à partir de 2013 ! Dans ces circonstances, on ne peut que poser la question du devenir de la Grande-Poste une fois transformée en musée. D'ailleurs, une étude de faisabilité a-t-elle été réalisée ? Bref. Aujourd'hui, ce joyau architectural de style néo-mauresque accueille des milliers de clients de la poste par jour, qui contemplent, forcément, des murs finement décorés et une voûte splendide d'une bâtisse construite en 1910. Si demain sa transformation en musée réduira sa fréquentation et y contraindra l'accès aux Algériens, il vaut mieux la laisser telle qu'elle.