Sa génération de professeurs des universités, de hauts fonctionnaires et de journalistes dont il était l'ami l'a accompagné à sa dernière demeure. L'économiste Abdelmadjid Bouzidi a été enterré, hier, au cimetière de Sidi Yahia, à Alger, en présence d'une foule composée essentiellement d'universitaires, de cadres supérieurs, d'anciens ministres, d'hommes d'affaires et de ses amis du Conseil national économique et social (CNES), l'institution pour laquelle le regretté a été le conseiller. Mohamed Seghir Babès (président du CNES) paraissait abattu par la disparition de son conseiller et ami. Les officiels étaient moins visibles, à l'exception d'Ahmed Ouyahia (chef de cabinet à la présidence de la République) accompagné de Habba El Okbi (secrétaire général au palais d'El Mouradia) qui ont tenu à rendre un dernier hommage à un économiste qui a longtemps servi l'Etat. Professeur d'économie à l'université d'Alger, spécialiste de l'histoire de la pensée économique, feu Abdelmadjid Bouzidi a longtemps été un défenseur des options socialisantes en vogue dans les années 1970, avant de se convertir vers plus de libéralisme après la chute du Mur de Berlin et l'effondrement de l'Union soviétique, même s'il est resté attaché au rôle régulateur de l'Etat dans le domaine de l'économie. Il fut l'un des rares à intervenir régulièrement dans le débat public sur les questions économiques à travers des colloques et des contributions dans la presse nationale. Au début des années 1990, Bouzidi a joué un rôle important, avec un groupe de spécialistes, pour fournir l'expertise économique au Haut Comité d'Etat (HCE). L'ancien ministre de la Défense nationale, Khaled Nezzar, présent hier à l'enterrement en compagnie de son ami le général Mohamed Touati, a rappelé l'apport de Bouzidi durant cette période : un donneur d'alerte. Le président Liamine Zeroual l'a ensuite pris avec lui à la Présidence en tant que conseiller économique. Ces dernières années, Abdelmadjid Bouzidi a peu à peu changé de style en rompant avec la position ouvertement critique à l'égard des «choix économiques» du gouvernement pour apporter un «soutien» à la démarche économique du gouvernement Sellal. Prolifique, Abdelmadjid Bouzidi fait partie de cette génération d'économistes qui a traversé les doctrines économiques d'une Algérie qui valse entre des options aussi contradictoires qu'inachevées. Mi-libéral, mi-socialiste, pas du tout dogmatique, Bouzidi était un économiste passionnément engagé.