Abdelmadjid Bouzidi s'est éteint, hier, à Paris, des suites d'une grave maladie, à l'âge de 69 ans. Par sa disparition, l'Algérie perd un spécialiste de l'économie algérienne et surtout un grand patriote qui avait l'Algérie dans le cœur. Natif de Skikda, il a obtenu son doctorat en sciences économiques en 1976. Il a été pendant des années professeur à l'Université d'Alger, chercheur au Cread, avant de devenir le directeur du Cneap de 1982 à 1991. "C'était un club algérois, il a ouvert le centre aux économistes de l'intérieur du pays, ceux notamment de Sétif et de Tizi Ouzou", témoigne son ami, le professeur Belmihoub. Il devient ensuite conseiller du président Ali Kafi à l'époque du HCE et de Liamine Zeroual jusqu'à la fin des années 90. "Il est d'une grande probité. Il n'a jamais utilisé sa proximité avec le pouvoir à cette époque pour s'enrichir", ajoute-t-il. Il est également connu pour avoir prôné parmi les premiers une économie de marché social. Abdelmadjid Bouzidi prend ensuite sa retraite, mais continue ses recherches et ses contributions aux grands débats sur l'économie algérienne dans les années 2000. Il fonde en 2011, avec l'éminent économiste Taïeb Hafsi, les professeurs Lamiri et Belmihoub, le think tank "Défendre l'entreprise". Pendant presque deux ans, il s'impliquera sérieusement dans ce centre de réflexion en animant des conférences, des débats avec des spécialistes, tout en conjuguant des écrits sur l'évolution de l'économie algérienne. L'objectif de ce passionné de l'Algérie est la prise de conscience par nos gouvernants que l'entreprise, parce qu'elle crée la richesse et l'emploi, doit être placée au centre des politiques publiques. Mais la maladie l'empêchera de poursuivre cette œuvre. Il sera évacué à Paris pour soins en décembre 2012. Le think tank sera alors mis en veilleuse. Il mènera un combat pour vaincre sa maladie. Courageux dans cette épreuve, il n'arrêtera pas ses contributions aux débats parues dans différents quotidiens nationaux. La dernière, "L'économie algérienne est sur la bonne voie", a été publiée par le quotidien Liberté en juillet 2014. Un dernier écrit prémonitoire où il soutiendra que l'Algérie a des ressorts et des atouts pour bien rebondir, notamment un modèle de croissance susceptible de la conduire, en dépit des insuffisances, vers une croissance solide et durable. Une position à contre-courant des thèses de plusieurs économistes de la place. On retiendra de ce parcours riche, outre sa passion pour l'Algérie, son côté provocateur, mais aussi ce courage d'assumer ses opinions. Repose en paix. D'autres patriotes ne manqueront pas de prendre le relais. Nom Adresse email