Après plusieurs années d'indifférence, la complexe œuvre Nedjma de Kateb Yacine figure désormais en langue arabe dans le programme du troisième palier de l'enseignement. Une caravane d'artistes a sillonné cinq wilayas de l'Algérie avec au programme des conférences, des débats, des lectures de textes, des projections de films documentaires portant sur l'œuvre et la vie de l'illustre écrivain algérien Kateb Yacine. A défaut d'entamer sa tournée en Algérie au début de ce mois, Amazigh Kateb a profité de cet hommage rendu à son père pour assister à trois rendez-vous, à Constantine, Sétif et Alger. Au cours d'un point de presse animé hier, à l'hôtel El Djazaïr, Amazigh Kateb a révélé qu'il a partagé des moments particuliers avec le public, venu nombreux à cet hommage. « Je pense, a-t-il dit, que la véritable portée de cet hommage est la présence du public. La mort n'était plus là mais l'énergie de Yacine était là. Ce qui est rassurant, c'est que Kateb Yacine soit enseigné aujourd'hui dans les lycées. Il faut désenclaver la culture. » Amazigh Kateb est revenu sur l'annulation de sa tournée avec son nouveau groupe, le Poison rouge, qui devait initialement se dérouler du 1er au 12 décembre. Deux ans après avoir tourné la page de Gnawa Diffusion, le groupe avec lequel il a commencé à se faire connaître dans les années 1990, Amazigh Kateb a poursuivi son aventure musicale sous son nom avec Marchez noir. Cette annulation, explique-t-il, fait suite à un certain nombre de problèmes d'ordre organisationnel, logistique et pécunier. Avec le franc-parler qui le caractérise, Amazigh reconnaît que c'est dans son pays qu'il aime se produire. L'Algérie est un endroit dans lequel il se ressource. Cet artiste, au verbe tranchant et à la réplique facile, estime qu'il est important de déranger : « même si nous sommes les enfants de la nationalisation du pétrole, notre chantier est de faire des révolutions. » Revenant sur la sortie de son dernier album Marchez noir le17 octobre dernier aux éditions Izem Pro de Tizi Ouzou, le musicien confie qu'il compte, pour la première fois, deux textes de son défunt père, à savoir Bonjour, un texte de jeunesse extrait de L'œuvre en fragments et Africain, issu du même recueil. Le fait de réaccaparer l'écriture lui a permis de vaincre la tristesse. Ce sont des textes qui l'habitaient depuis très longtemps. Il avertit cependant qu'il ne s'agit pas d'un album hommage à son père mais tout simplement un CD qui reste dans les mêmes univers musicaux. La véritable rupture réside dans la logistique puisque le nouveau groupe est composé de cinq éléments dont Mohamed Abdenour alias Petit Moh au mandole, au banjo et à la guitare, Amar Chaoui aux percussions, Mehdi Ziouech aux synthétiseurs et DJ Boulaone. Marchez noir aborde des ambiances chaâbi, gnawi, ragga, reggae, raï et rock, c'est aussi un clin d'œil aux marches noires comme celle de Martin Luther King. En attendant sa tournée probable durant le premier trimestre 2010 en Algérie, l'ancien leader du groupe Gnawa Diffusion, Amazigh Kateb, s'envolera en janvier prochain pour la Syrie pour aller à la découverte d'autres musiques et travailler davantage sur ses nombreux projets.