Du 13 au 17 décembre, une caravane culturelle a fait escale dans cinq wilayas : Sétif, Souk-Ahras, Constantine, Annaba et Alger. Cinq rendez-vous pour rendre hommage à un homme, un écrivain, un dramaturge, un rebelle : Kateb Yacine. Jeudi dernier, à Alger. Dernière escale de ce périple culturel, rendez-vous était donné à la salle Cosmos (Oref) pour un hommage, à l'occasion du vingtième anniversaire de la disparition de Kateb Yacine. Cet événement a été organisé par l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel, coproduit par NeefProd et AcmEvent, avec le soutient du ministère de la Culture. Exposition, projection de films documentaires, lectures de textes et concerts constituaient le programme de ces journées-hommage. Dans le grand hall de la salle Cosmos, une exposition, “Kateb Yacine, un théâtre et 3 langues”, accueille le public. Réalisée par Zoubeïda Chergui et Amazigh Kateb, cett exposition témoigne de la vie, du parcours littéraire et artistique de ct homme qui a marqué la littérature algérienne. À travers des écrits et des photos, ce sont ces différentes facettes qui sont mises en exergue. On découvre Kateb Yacine depuis sa naissance en 1929 à Constantine jusqu'à l'homme de théâtre qu'il a été, en passant par l'élève chassé du collège de Sétif, l'auteur qui rencontre son premier imprimeur, le journaliste, l'exilé, le militant… Des fragments de sa vie, les plus importants. Durant cette journée, trois projections de films documentaires. La première est celle de Stephane Gatti, Kateb Yacine, poète en trois langues. Un entretien du réalisateur avec Kateb Yacine entrecoupé d'images de son enterrement à Alger. Il y aura aussi le film témoignage qu'a réalisé Brahim Hadj Slimane : la Troisième vie de Kateb Yacine. Des témoignages essentiellement réalisés à Sidi Bel-Abbès. Autre film très émouvant, celui Kamel Dehane : Katab Yacine, l'amour est la révolution (réalisé en 1989). Un film où Kateb parle de sa vie à cœur ouvert, sans retenue. Il revient sur les moments forts qui ont traversé sa vie : son enfance, sa mère qui, à un moment donné, sombre dans une folie meurtrière, l'exil, son unique amour Nedjma, son pays pour lequel il vouait un grand amour, son combat et les causes justes... Dans sa conférence intitulée “Le théâtre de Kateb Yacine”, l'universitaire Ahmed Cheniki abordera l'écriture théâtrale de l'écrivain, ses influences et ses emprunts, mais aussi la virulence de l'œuvre et sa portée. Il parlera aussi des “emprunts” dans l'oeuvre théâtrale de Kateb. Premier emprunt constaté est celui relatif la culture populaire. L'orateur notera aussi la “présence de Brecht”, même si Kateb Yacin réfute ça. Ahmed Chenik ajoutera, à propos de l'écriture de Kateb : “On ne peut pas comprendre ses textes satiriques sans connaître ses textes journalistiques.” Et d'ajouter : “Cest une écriture très ouverte.” Catherine Brun, de l'université Paris III, quant à elle, parlera de son livre Nedjma. Elle dit que cet ouvrage est un roman fondateur de la littérature, écrit par Kateb Yacine pour montrer aux Français que l'Algérie n'était pas française. C'est un livre autobiographique générationnel, car touchant ceux qui ont vécu les mêmes événements que lui. Nedjma évoque aussi la prise de conscience collective et la quête des origines avec un emboîtement de plusieurs récits. Toujours à propos de “Nedjma”, la confériencière rappellera que cette œuvre “figure dans le programme des collèges et lycées en France depuis 1985”. “Depuis l'année dernière, “Nedjma” est dans le programme de l'Ecole normale supèrieure”, a-t-elle ajouté. Une manière de dire l'importance de cette dans le paysage littéraire de langue française, malgré son complexité. Et pour ne pas sombrer dans l'académisme, deux lectures, deux textes et deux concerts sont venus mettre plus d'ambiance. Les lectures ont été assurées pour la première qui avait pour titre l'Etoile assombrie, par Brahim Hadj Slimane, qui accompagné de deux musiciens, Badis et Djamel, lisait des textes de Kateb sur un fond musical issu du répertoire de Dahman El-Harrachi. Sid Ahmed Agoumi, pour sa part, sublimera l'assistance, avec une lecture des extraits du Cadavre encerclé, une pièce qu'il a beaucoup jouée en Algérie et à l'étranger. Il lira aussi un passage du livre de Benamar Mediene, Kateb Yacine, un cœur entre les dents. Le groupe algérois Djmaoui Africa était présent lui aussi à cette journée “katébienne”. Nouvelle version, spécial hommage, avec un répertoire essentiellement tourné vers l'Afrique et des instruments venus de ce continent cher à Kateb. Il fera bouger les quelques personnes présentes. Et pour clôturer cette journée, Amazigh, le fils, montera sur scène, interprétant deux titres de son nouvel album Marché noir, dont les textes sont de son père, dont Africain. Il chantera aussi ses tubes, mettant le feu à la salle qui a enregistré, malheureusement, une affluence très minime. Au démarage des activités, la salle était clairsemée. Le public commençait à affluer en milieu d'après-midi, composait esentiellement de jeunes venus, tous, écouter et voir leur idole, Amazigh Kateb.