Avec la perte de ce barrage, l'EI a enregistré son plus important revers depuis le 9 juin. Les combats se sont poursuivis hier dans les secteurs proches du barrage, avec de nouvelles frappes aériennes américaines en appui. Le président Obama avait promis lundi que son pays compte «poursuivre une stratégie à long terme pour inverser la tendance contre l'EI en soutenant le nouveau gouvernement irakien» que doit former le Premier ministre désigné Haïdar Al Abadi. Le 8 août, les Etats-Unis déclenchent leurs premières frappes sur les positions djihadistes. Elles interviennent après la prise de villes yazidies et chrétiennes dans le nord du pays, poussant à l'exode plusieurs dizaines de milliers de membres de ces minorités. C'est la première fois que Washington s'implique directement depuis le retrait de ses troupes en 2011. Réunis à Bruxelles hier, les ministres européens des Affaires étrangères se sont mis d'accord sur la livraison d'armes aux combattants kurdes pour combattre et impliquer tous les pays de la région, de l'Arabie Saoudite à l'Iran, dans la lutte contre l'EI. Convulsions multidimensionnelles L'invasion américaine en 2003 et la propulsion au poste de Premier ministre de Nouri Al Maliki a plongé le pays dans le chaos. Ce qui a permis aux djihadistes de s'emparer en juin, presque sans combattre, de Mossoul. En effet, l'Etat irakien a abandonné ses équipements militaires. De leur côté, les Kurdes ont profité de cette déliquescence du pouvoir central pour s'emparer d'une ville importante, à savoir Kirkouk, zone riche en ressources pétrolifères. Après avoir accédé en 2006 au pouvoir, est adoptée le 11 octobre de la même année la loi créant un Etat fédéral malgré l'opposition des sunnites qui y voient une manière de les isoler. Le 14 août 2007, des attentats provoquent la mort de plus de 400 personnes dans la province de Ninive, dans le Nord. Attentats, imputés à la branche irakienne d'Al Qaîda. En février 2011 des manifestations à caractère socioéconomique éclatent. Après le départ des troupes américaines fin 2011, Al Maliki lance un mandat d'arrêt pour complot contre le vice-président sunnite Tarek Al Hachemi, qui se réfugie au Kurdistan. Le bloc Iraqiya dénonce la «dictature» du Premier ministre. Le pays sombre dans une crise politique. Entre-temps, les tensions sont au paroxysme entre le gouvernement central et la région autonome du Kurdistan, notamment sur la question de l'exploitation des hydrocarbures. Et en décembre 2012, d'importantes manifestations éclatent, notamment dans le bastion sunnite d'Al Anbar à l'ouest, appelant au départ d'Al Maliki, auquel il est reproché d'avoir marginalisé les populations de cette région de par son autocratie. Cette crise politique et la situation sécuritaire chaotique qui prévaut dans le pays constituent une aubaine pour les djihadistes de l'EI et des membres de tribus hostiles au gouvernement qui ont pris, en janvier dernier, le contrôle de Fallouja et des quartiers de Ramadi (Al Anbar). Depuis, ils contrôlent une partie importante du territoire. Face à l'incapacité des forces irakiennes à combattre les djihadistes. Le cumul de ces convulsions a fait de l'Irak le terreau du terrorisme.