En dépit d'une résolution de son parti (Likoud) en faveur d'un référendum préalable, le Premier ministre israélien, Ariel Sharon, a réaffirmé jeudi à Tel-Aviv, sa détermination de mettre en application son plan de désengagement unilatéral d'avec les Palestiniens, prévoyant un retrait de la bande de Ghaza et de quatre colonies isolées dans le nord de la Cisjordanie. Sous la houlette des « durs », comme si le sanguinaire Sharon était devenu une colombe de paix, le comité central du plus important parti israélien de droite a, en effet, voté en faveur d'une consultation du peuple israélien, et ce, malgré l'opposition de son chef. La résolution, non contraignante pour Sharon, a été votée à main levée à une forte majorité des membres du comité central du Likoud, dont moins d'un millier seulement étaient présents sur les 3000 que compte cette instance. Sharon qui est considéré comme le père spirituel des colons et qui a travaillé obstinément pour réaliser l'extension des colonies à travers l'ensemble des territoires palestiniens a semblé toutefois déterminé à réaliser son plan. Non pas qu'il se soit subitement transformé en homme de paix, mais afin de renforcer cette colonisation en Cisjordanie et surtout autour de la ville sainte, occupée en 1967 lors de la guerre des Six-Jours. « Grâce à la colonisation, nous garderons pour l'éternité des positions importantes, essentielles à notre existence, à Jérusalem notre capitale unifiée pour toujours, dans les blocs d'implantations qui se trouvent dans les lieux les plus sacrés de notre histoire et dans les zones de sécurité capitales pour notre défense », a-t-il souligné. L'édification du mur de séparation raciste qu'Israël construit en Cisjordanie vise à concrétiser cette politique. Ce nouveau tracé de frontières, décidé unilatéralement par Israël, englobe la presque totalité des colonies israéliennes de Cisjordanie et annexe de facto à Israël une bonne partie de ce territoire palestinien. Connaissant le consensus dont jouit la question de la ville sainte parmi les Palestiniens et l'impossibilité à quiconque d'entre eux de faire des concessions à ce sujet, on peut facilement imaginer vers où se dirigent les négociations futures entre les deux parties, si jamais elles reprennent. Si on y ajoute la question des réfugiés palestiniens dont Israël ne veut absolument rien entendre, le plus optimiste des observateurs devra se rendre à l'évidence qu'elles vont vers une impasse. Ce qui ramènera la région à la case départ : une nouvelle intifadha, de nouveaux massacres, des maisons démolies, des terres dévastées et tout le lot des atrocités vécues dans les territoires palestiniens, à chaque fois que ces derniers exigent la restitution de leurs droits fondamentaux. Dans ce contexte très proche de la réalité que certains ont essayé de cacher par le grand bruit suscité par la réunion de Londres où Mahmoud Abbas, le nouveau leader palestinien, semble avoir obtenu le soutien de la communauté internationale, il est difficile de prévoir un accord proche entre Palestiniens et Israéliens. Ces derniers ont refusé de participer à cette réunion afin de ne pas évoquer leur vision politique de la fin de ce conflit et en même temps pour minimiser les espoirs qui auraient pu naître. La réunion de Londres qui permettra sans doute aux Palestiniens d'améliorer leurs capacités économiques montre d'un autre côté, lorsqu'il s'agit d'Israël, l'inefficacité de cette communauté internationale à faire prévaloir le droit. Mais il s'agit de bien autre chose en réalité et même, dira-t-on, une certaine complaisance, voire de la complicité à l'égard d'Israël. Nous sommes loin des cas de la Bosnie ou du Kosovo. On trouvera toujours quelqu'un pour justifier l'occupation, l'oppression et les massacres israéliens perpétrés sur les Palestiniens alors qu'on dénie à ces derniers même le droit à la résistance. Quand l'occupant se nomme Israël, le résistant obtient le qualificatif de terroriste.