Depuis l'assassinat, le 14 février à Beyrouth, de l'ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri, la rue se mobilise au Liban pour un changement, mais lequel ?, s'interroge-t-on. L'on parle avant tout du départ de l'armée syrienne et ensuite du pouvoir actuel qualifié de prosyrien comme si ceux qui l'avaient précédé ne l'étaient pas. Les analyses les plus pertinentes renvoient aux rapports étroits qui existent entre les deux voisins et aux conditions dans lesquelles est intervenue l'armée syrienne, ce qui n'explique pas son maintien malgré les accords interlibanais de Taef. Et ce qui se produit depuis bientôt vingt jours, focalise l'attention et la pression sur la Syrie, objet également de toutes les menaces. C'est ce qui explique certainement le fait que le président syrien Bachar Al Assad prononcera, cet après-midi, un discours devant le Conseil du peuple (Parlement), dans lequel « il évoquera les développements politiques actuels », selon la terminologie officielle vide de toute explication. Par contre, la presse syrienne dans son ensemble a publié hier en première page un démenti officiel aux informations selon lesquelles le prince héritier saoudien, Abdallah Ben Abdel Aziz, aurait demandé au président Al Assad de retirer ses troupes du Liban. « Le fait de ne pas citer le nom du responsable saoudien qui a communiqué cette information lui enlève toute crédibilité », affirme l'agence officielle syrienne d'informations Sana, citée par la presse. Jeudi soir, un responsable saoudien ayant requis l'anonymat avait affirmé que le prince Abdallah Ben Abdel Aziz avait conseillé à M. Assad de retirer « rapidement » ses troupes du Liban et de fixer un calendrier pour un tel retrait. M. Assad a effectué jeudi une visite de quelques heures à Riyad, qualifiée plus tôt par l'ambassadeur syrien à Riyad, Ahmed Nizameddine, de « positive et fructueuse ». Par ailleurs, le ministre britannique des Affaires étrangères Jack Straw a déclaré hier que la Syrie doit quitter le Liban, sinon elle sera considérée comme un « paria » par la communauté internationale. « Les Syriens ont un choix stratégique très clair. S'ils retirent leurs forces d'une manière sensée et rapide, ils feront leur retour » au sein de la communauté internationale, a affirmé le secrétaire au Foreign Office. « S'ils ne le font pas, ils seront traités en parias, non seulement par l'Occident, mais aussi par la plupart de leurs voisins arabes », a ajouté le ministre. « C'est très clair », « elle doit » quitter le pays, a insisté le secrétaire au Foreign Office. « C'est la décision du Conseil de sécurité des Nations unies dans sa résolution 1559 de septembre, et maintenant tous les voisins de la Syrie disent qu'elle doit partir » du Liban, a insisté le secrétaire au Foreign Office, excluant toutefois une action militaire contre la Syrie. « Absolument aucune action militaire n'est envisagée », a-t-il insisté, soulignant que le retrait syrien devait être obtenu par des moyens diplomatiques. Quant au secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, il a exprimé jeudi l'espoir que « des progrès » auront été faits au mois d'avril dans la question du retrait des troupes syriennes du Liban. M. Annan a ajouté qu'il allait envoyer son représentant spécial, Terje Roed-Larsen, dans la région « pour discuter de la question du retrait avec les deux gouvernements concernés ». A la question de savoir si un retrait syrien trop rapide ne risquerait pas de créer un vide qui pourrait « déstabiliser le Liban et provoquer des tensions », M. Annan a répondu qu'à son avis, « c'est une chose dont tout le monde est conscient, et il faudra gérer cela très soigneusement ». « Je pense que dans nos discussions et dans nos efforts pour obtenir l'application de la résolution (1559), nous aurons cela à l'esprit », a-t-il ajouté. Adoptée le 2 septembre par le Conseil de sécurité de l'ONU, la résolution 1559 « demande instamment à toutes les forces étrangères qui y sont encore de se retirer du Liban », en allusion claire à la Syrie. M. Roed-Larsen est spécialement chargé du suivi de la mise en œuvre de cette résolution. Mais qu'en est-il des autres qui ne sont pas clairement identifiées sauf par l'ONU qui n'a jamais, en ce qui la concerne, parlé de retrait définitif israélien parce que ce serait un mensonge ? Une partie du territoire libanais est toujours occupée par Israël.