La population médéenne est furieuse devant la dégradation sans précédent de son cadre de vie. La question qui taraude les esprits est comment faire pour réhabiliter à sa juste valeur la ville millénaire ? Car les anciennes pratiques de gestion de la cité sont aux abois ! Les immondices envahissants jonchent à n'importe quelle heure de la journée tous les coins et recoins des rues, au vu et au su des habitants et des responsables qui vaquent à leurs occupations quotidiennes comme si de rien n'était, nullement incommodés par les odeurs nauséabondes polluant l'air de la ville. La belle avenue Ferrah Ahmed (ex-Richepin), située au cœur du centre-ville de Médéa, réputée pour ses bazars commerciaux, fréquentée quotidiennement par de nombreux visiteurs, fait peine à voir. Aujourd'hui, cet important espace commercial offre un spectacle lamentable et désolant. La saleté triomphe le long de l'avenue, en particulier du côté du dispensaire Aïn El Mordj et à l'intérieur de son enceinte. C'est vraiment impensable, une immense décharge d'ordures a été installée sous l'œil indifférent des responsables du secteur de la santé, mais aussi des commerçants riverains qui, devant le laxisme des autorités locales, ne se gênent pas pour jeter leurs ordures à proximité du centre de santé spécialisé dans les soins par injections musculaires et intraveineuses. Les habitants rencontrés crient leur désarroi. Ils se plaignent des eaux stagnantes en bordure de chaussée qui, par manque de regards d'évacuation, dégagent constamment des odeurs nauséabondes. Aussi, cette insalubrité attire, dès la tombée de la nuit, rongeurs et moustiques ainsi que d'autres bestioles nuisibles qui menacent la santé des familles. Même la rentrée principale de la Banque extérieure n'est pas épargnée. Un bac débordant d'ordures défigure en permanence l'aspect accueillant de cet édifice financier. Le passagers empruntant cette voie sont obligés de se boucher le nez avec la main où d'un mouchoir. Cette situation de détérioration du cadre de vie du chef-lieu de wilaya est, faut-il le préciser, aussi bien imputable à la passivité des gestionnaires de la cité qu'à l'incivisme de ses citoyens. Les élus, souvent désignés du doigt, renvoient, quant à eux, la balle dans le camp de l'incivisme des habitants qui, disent-ils, ne respectent pas les horaires fixés pour la collecte des ordures ménagères. Interrogés, certains employés de la voierie affirment que la municipalité, avec les faibles moyens humains et matériels dont elle dispose (camions vétustes…) ne peut venir à bout de l'énorme quantité d'ordures ménagères déversée quotidiennement et anarchiquement le long des artères de la cité. Médéa, championne de l'anarchie ! Les routes secondaires desservant les quartiers de la ville sont dans un piteux état. La chaussée est parsemée de nids-de-poule et par endroits des tranchées béantes sont laissées volontairement par des entrepreneurs véreux et indélicats qui, en l'absence de contrôle et de suivi des travaux d'aménagement urbain, dorment tranquilles. Des promesses de bitumage sont faites chaque été, mais en vain. Les quelques espaces verts qui agrémentaient le paysage sont à l'abandon. Pour se rendre compte de la situation, jetons un coup d'œil sur le quartier M'Sallah, voisin du siège de la wilaya qui est dans un état hideux. Le phénomène du marché informel a repris du poil de la bête, en défiant tout le monde cette foi-ci. Les commerçants «indélicats» ont même squatté l'esplanade du fabuleux kiosque à musique de la place du 1er Novembre en plein cœur de la ville. Les opérations musclées menées tambour battant contre l'occupation illégale des espaces publics n'ont servi à rien. Le plan de circulation, à l'étude depuis fort longtemps, tarde à voir le jour. Rouler en ville est un enfer avec les impressionnants embouteillages. Des délinquants armés de gourdins font la loi en accaparant toutes les ruelles pour s'installer en maîtres des lieux dans des parkings sauvages. Ils dépouillent illégalement les automobilistes à la recherche d'un petit espace de stationnement. Sur le boulevard de l'hôpital, l'automobiliste est contraint de payer le stationnement à ces gardiens autoproclamés, même quand il transporte un malade. Même scénario pour ceux qui stationnent devant l'agence Sonelgaz pour payer la facture d'électricité. Vivre à Médéa en période estivale ou automnale, c'est suffoquer à cause des poussières soulevées par le passage des véhicules sur des routes non bitumées. En hiver, marcher à Médéa est synonyme du parcours du combattant à cause de l'omniprésence de bourbiers. Cette situation chaotique et déplorable qui se perpétue au chef-lieu de wilaya, vitrine de la région, est-elle devenue une fatalité qui s'est imposée dans la vie du citoyen lambda ?