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L'impérieuse nécessité d'une action collective citoyenne
Publié dans El Watan le 08 - 10 - 2014

L'Algérie se trouve aujourd'hui dans une impasse historique. La crise dure depuis de nombreuses années mais le chaos qui s'est installé depuis cette dernière décennie est plus que préoccupant. Les institutions ont été déstabilisées de manière à remettre en cause même les fondements de l'Etat et son autorité. Depuis plusieurs années, les contre valeurs ont été davantage dopés favorisant une corruption généralisée ainsi qu'un populisme érigé en mode d'ascension politique. La nation ne peut plus supporter plus de dérives et de scandales. Ce sont l'unité nationale et la cohésion sociale qui sont mis en périls. Il y a vraiment urgence de se mobiliser pour une action collective afin de sauver la nation d'une désintégration annoncée.
La conférence nationale de Zeralda du mois de juin 2014 constitue un acte fondateur politique majeur, portant de nouvelles exigences et ouvrant de nouvelles possibilités ; elle a été un espace public de débats féconds et participatifs. Elle a permis de réconcilier une opposition fragmentée, elle a permis de lancer les jalons d'une vision commune pour une sortie de crise. Cette vision reste à concrétiser dans un projet commun et dans un cadre plus large que celui de zeralda, pour un consensus national afin de lancer les bases de la refondation de l'Etat nation, une action collective que les Algériens n'ont pas réussis depuis novembre 54.
L'esprit de Zeralda a besoin d'une prochaine étape dans le cadre d'un congrès de refondation équivalent dans ses objectifs au congrès de la Soummam. Ce Congrès décidera le type d'organisation et de consensus à mettre en œuvre autour d'une instance collégiale, réellement représentative de l'ensemble des composantes de l'opposition et des forces patriotiques du pays. Cette instance doit placer les intérêts de la nation au dessus de tout.
L'esprit de Zeralda interpelle, d'abord, les organisateurs afin de rassembler encore plus et de s'éloigner des malentendus stériles, des débats marginaux et des manœuvres de leadership. Il interpelle les responsables politiques et militaires sur leur responsabilité à continuer à ignorer une bonne partie de l'opinion publique, à ignorer le danger qui guette la nation et enfin il les interpelle à accepter d'aller vers une conférence de consensus national pour la refondation de l'Etat nation. Il s'adresse aussi à l'ensemble de la classe politique afin qu'elle surpasse ses divergences et accepter la convergence patriotique afin de créer les conditions de l'instauration d'une société démocratique, juste, pluraliste, pleinement respectueuse des droits humains, des libertés individuelles, fonctionnant selon des mécanismes socio-économiques susceptibles d'assurer le bien-être de tous.
Face à ce constat et face à cette effervescence, le pouvoir semble vivre dans une cacophonie indescriptible. Le peu de culture d'Etat qui subsistait encore, après quatre mandats de pouvoir absolu, est réduit à néant. Tout est fait dans l'improvisation, la précipitation et le mépris de l'autre afin d'imposer un scénario qui risque de mettre le pays à feu et à sang. Qu'est ce qui explique cet état de fait ?
Ce pouvoir qui refuse de dresser un quelconque bilan de sa gestion passée, ayant engloutie plus de 1000 milliards de dollars avec de piteux résultats, s'empresse encore à ouvrir la tirelire pour dilapider 262 milliards dollars. Ces sommes faramineuses si elles avaient été déboursées dans un autre Etat, avec une bonne gouvernance et une véritable stratégie de développement, il serait aujourd'hui un pays émergent, respectueux et même membre du G20.
Malheureusement, aujourd'hui, notre pays s'enfonce encore dans le sous développement, avec des classes d'école surchargées, passées de 44 élèves avant 1999 à près plus de 55 élèves, voire plus dans certains lycées, actuellement, un système de santé en ruines et ruineux, des routes mal faites, des coupures d'électricité…et la liste est longue.
En l'absence d'une stratégie de développement, le pouvoir actuel use avec frénésie des finances engrangées de la seule rente pétrolière. Les huit plans appliqués le long des 15 ans de règne par ce pouvoir rentier n'ont rien donné. Pire encore, aujourd'hui, on parle de moins d'un milliard de dollar d'exportations en dehors des hydrocarbures pour près de 65 milliards d'importations qui vont dans les poches de prédateurs de tout acabit. Aujourd'hui, des pays voisins comme le Maroc exportent pour 25 milliards de dollars et la Tunisie pour 16 milliards de dollars.
L'économie Algérienne se résume à l'exportation du pétrole et à l'importation de tout.
Cette situation n'a pas manqué d'inspirer le Premier ministre Sellal qui s'est enorgueilli du fait que «l'Algérie exporte aujourd'hui la sécurité», alors qu'un touriste français fut kidnappé et lâchement assassiné dans la région de Tizi Ouzou, quelques jours seulement après les auto-satisfécits du Premier ministre. Ce responsable demeure sourd aux appels des spécialistes qui ne cessent de tirer la sonnette d'alarme sur l'éminence d'une crise économique majeure sur tous les plans, résultat d'une simple baisse du prix du pétrole ou du volume de production.
Devant cette impasse, à la fois, politique, économique, sociale et morale, le pouvoir en place refuse de regarder la réalité du pays et continue à manœuvrer pour perdurer, à n'importe quel prix, et à faciliter la tâche aux prédateurs pour s'accaparer de ce qui reste de la rente, à travers un pouvoir dominé par l'argent sale, en imposant à la société une nouvelle forme de transmission du pouvoir à la syrienne. Pour remettre le véritable débat sur les rails et créer surtout un rapport de force salvateur pour le pays, l'opposition est appelée à se mobiliser, se rassembler et surtout inscrire en urgences dans son calendrier immédiat la préparation de l'après Bouteflika.
L'après Bouteflika a sonné et le pouvoir de l'argent est en phase d'action pour ne pas être surpris par une vacance prématurée du pouvoir. Il est du devoir de l'opposition d'agir dans l'urgence pour refuser la fatalité du pouvoir considéré comme un legs, afin, d'épargner à notre peuple meurtrie par plus de 10 ans de sang et d'instabilité, la tragédie libyenne, l'impasse égyptienne ou le drame syrien. La refondation de l'Etat nation passe inéluctablement par le refus de cette fatalité.
L'opposition doit, dès aujourd'hui, s'entendre sur les outils de la refondation de l'Etat nation à travers une transition élue et concertée avec toutes les composantes de l'opposition et les forces patriotiques de la nation autour d'un programme orienté et réfléchi pour réhabiliter l'Etat nation menacé d'effondrement. Seule une opposition unie et clairvoyante est capable de mobiliser le peuple pour une transition élue capable de remettre le pays sur les chemins du développement et du progrès.
La seule demande que l'opposition doit brandir, à l'heure actuelle, et qu'elle doit considérer comme une condition non négociable est la création d'une Commission indépendante d'organisation des élections. Cette commission doit centraliser à son niveau le fichier électoral, en procédant à sa révision, afin de ne pas laisser la volonté populaire entre les mains de ceux qui œuvrent à remettre les clés du pouvoir entre les mains des forces de l'argent sale. Après la mascarade des législatives en 2012 ayant permis au parti de l'argent de contrôler le Parlement, et celle de 2014 qui a permis à un président malade et incapable de gouverner de rempiler pour la quatrième fois, il est du devoir de l'opposition et du peuple algérien de ne pas reculer sur cette demande légitime, pour barrer la route devant ces fossoyeurs de la République. Seule une action collective de toute l'opposition et des forces patriotiques de la nation, appuyée par une adhésion consciente du peuple est à même de sauver l'Algérie de ce naufrage annoncé.


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