Bon ou mauvais négociateur, le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, a « convaincu » ses deux partenaires. Au bout de 22 longues heures de débats à huis clos, dits serrés, Ahmed Ouyahia a amené le secrétaire général de l'UGTA et les présidents des six organisations patronales auxquels s'est « mêlé » un délégué des SGP à signer la déclaration finale notifiant l'acceptation des conclusions de cette 11e session de la tripartite, tenue durant ce week-end à la résidence El Mithaq, à Alger. Cette déclaration est concrètement vide, car tous les dossiers cruciaux figurant dans les 12 points inscrits à l'ordre du jour ont été renvoyés à des commissions et à des groupes de travail qui vont s'atteler à trouver des « traitements » adéquats à chacun. « Il n'y a jamais de vainqueur isolé dans ces affaires, surtout pas le gouvernement », a déclaré M. Ouyahia en réponse à un journaliste qui l'a présenté comme le grand vainqueur dans cette tripartite. « Nous ne sommes pas venus prendre des diplômes à accrocher au mur. Ce qui nous intéresse, c'est que le pays aille de l'avant en améliorant son efficacité et sa rentabilité économique et la condition sociale des travailleurs et sa stabilité. » Selon lui, le gouvernement n'a refusé aucune demande de ses partenaires que ce soit du côté de l'UGTA ou du patronat. « Si vous me parler de la fiscalité, allez-y, jetez un regard sur la loi de finances de 2005 et vous allez tout comprendre. En plus, nous nous sommes mis d'accord pour réduire les taux de bonification des crédits bancaires. Et je crois que l'Etat n'est pas en train de faire de la spéculation dans le foncier industriel. Une comparaison entre le prix de cession du foncier public et le foncier spéculatif vous permettra de tirer la conclusion », s'est-il défendu par rapport à la demande pressante du patronat de régler rapidement cet épineux dossier qui constitue une sérieuse entrave à l'investissement. À propos de l'article 87 bis Quant à l'abrogation de l'article 87 bis de la loi 90-11 - qui a un caractère restrictif à la définition du SNMG -, revendiquée par la centrale syndicale, M. Ouyahia a préféré la traiter à sa manière. « Le traitement de l'article 87 bis sera la correction d'une injustice », a-t-il affirmé. Injustice véhiculée par une situation compliquée en 1994 qui n'était en fait que le résultat d'une bonne volonté de traverser une conjoncture cauchemardesque. Le chef du gouvernement a pris acte de « dégager une solution juste pour les travailleurs, rentable pour le pouvoir d'achat et bénéfique pour le développement national ainsi que pour la cohésion sociale et dans le but de codifier objectivement cette question ». Pour étayer ses propos, M. Ouyahia a souligné que les effets qu'induirait l'abrogation de cet article seraient « une dépense salariale supplémentaire de l'ordre de 500 milliards de dinars pour le secteur de la Fonction publique et de 40 milliards de dinars pour le secteur économique public. Ce qui est énorme, même si certains vont dire que le pays a de l'argent ». Il n'hésitera pas, en outre, à livrer son hypothèse : « 70% des EPE seraient menées à la faillite immédiate. » S'agissant des points relatifs au foncier industriel, le chef du gouvernement s'est contenté, pour le moment, d'inviter les opérateurs à investir dans les régions de l'intérieur du pays. « Il n'existe pas de manque de foncier industriel en Algérie. Il y a plutôt une crise observée dans les grandes villes », a-t-il indiqué. Il a promis, en outre, de dégager « 4500 ha de foncier excédentaire pour servir d'assiettes aux projets d'investissement. Il y a également 7000 ha pour certaines zones industrielles ». Pour inciter les opérateurs économiques à aller investir ailleurs - en dehors des grandes villes -, M. Ouyahia a annoncé que « les pouvoirs publics seront davantage diligents pour aider ceux qui iront investir à l'intérieur du pays, car il s'agit de donner une synergie dans la répartition des projets pour une bonne politique régionale ». Il s'est dit, par ailleurs, prêt à dégager 5 milliards de dinars/an comme soutien aux opérateurs économiques. Il a tenu, au passage, à rappeler les 50 milliards de dollars qui vont être dépensés au cours des cinq prochaines années dans le cadre du plan de consolidation de la relance économique. Pour lui, le but de la tripartite, qui se tiendra dorénavant une fois par mois, est « de créer une synergie pour faire en sorte que ces montants importants consacrés par l'Etat au développement produisent un renforcement de la machine économique pour faire face à la concurrence ». M. Ouyahia a saisi l'occasion aussi pour jeter des fleurs à son ami secrétaire général de la centrale syndicale, Abdelmadjid Sidi Saïd. « L'UGTA est digne d'être leader pour parler des questions syndicales », a-t-il reconnu, tout en ne niant pas l'existence d'autres syndicats.