Une collégienne de 16 ans tombe sous les coups de couteau d'un « vaurien » à peine plus âgé qu'elle. Un crime gratuit qui aurait pu être évité. « Notre élève, une bonne élève, serait encore là à nous sourire si chacun avait pris ses responsabilités », déclarent ses professeurs, révoltés par le laisser-aller des responsables locaux qui n'ont pas réagi face à la montée de l'insécurité dans la ville. Il y a eu des réactions inquiétantes de la population et les autorités ont craint, un moment, le déclenchement d'un mouvement de protestation. Une affaire pas banale puisqu'elle a atterri au menu du conseil de l'exécutif de la wilaya. La police est pointée du doigt. La collégienne sortait de chez son professeur qui donne des cours de soutien au moment où elle a été assassinée. Son agresseur n'en était pas à sa première attaque. Il l'a harcelée systématiquement. Il l'agressait en pleine rue. Il est allé jusqu'à pénétrer à plusieurs reprises dans son collège et dans sa classe pour la menacer et nul n'a bronché. Les responsables de l'établissement ont préféré appeler le père pour qu'il vienne chercher sa fille, morte de peur, que d'appeler la police. Quelques jours avant le drame, le meurtrier entre, une fois de plus, dans le collège avec l'un de ses complices, et dans sa fuite pour ressortir, il bouscule et frappe un parent d'élève qui n'est autre qu'un officier de police qui fera appel à ses collègues. Mais il n'y a pas eu de suite. Le jeune délinquant, qui est un récidiviste, est bien connu des services de police, notamment pour s'adonner à la consommation et la vente de psychotropes. Inconsolable, le père de la victime déclare : « J'ai déposé plainte contre l'agresseur bien avant l'Aïd. Comme la police n'est pas intervenue, j'y suis retourné à plusieurs reprises. En vain. Face à cette désinvolture, j'ai décidé de me rendre chez le procureur dès la semaine suivante. L'assassin ne m'en n'a pas laissé le temps. Pour moi, la police est responsable. Elle aurait dû le ramasser dès ma première plainte pour agression. Pourquoi ne l'ont-ils pas fait ? Je ne vais pas me taire ! » La police interroge du monde, beaucoup de monde, des témoins, mais aussi des voisins et des passants qui n'auraient pas porté secours à la jeune fille. « Ils seront punis pour non-assistance à personne en danger », a déclaré le commissaire de police pour calmer les esprits dans le collège Houari Boumediène de la cité FLN. « C'est la suite logique de l'insécurité qui sévit et qui est entretenue par l'indifférence affichée par les autorités et, par voie de conséquence, celle des policiers et du simple citoyen qui ne veulent pas s'exposer en jouant aux héros. Pourquoi mettent-ils les bouchées doubles pendant la période estivale ? » S'indignent des parents d'élèves qui comptent s'organiser pour assurer la sécurité à El Kala. Une indifférence qui, pour nombre de gens, a favorisé la hausse de la violence et de l'insécurité dans cette petite ville pleine à craquer de policiers. Pour certains, il faut l'attribuer à l'incroyable extension du trafic et de la consommation de drogue, dont on ne se cache plus à El Kala.