«Situation politique dangereuse» Cette demande, explique-t-on dans le communiqué final de l'ISCO, est justifiée par l'analyse faite de la situation politique et économique du pays après plus de trois heures de débat. «L'Algérie vit une crise de pouvoir et la situation politique du pays est très dangereuse. Ses conséquences sont imprévisibles. Et ce à cause de la paralysie des institutions de l'Etat, engendrée par l'incapacité du système politique à répondre aux aspirations et son illégitimité. Cette situation est symbolisée par la vacance du poste de président de la République, qui est l'une des plus sombres images de ce système», explique-t-on dans ce communiqué lu par le président du MSP, Abderrazak Makri. Avant d'aller à une présidentielle anticipée, l'ISCO exige l'installation d'une instance indépendante pour l'organisation de l'élection. «Nous demandons également une révision consensuelle de la Constitution après la présidentielle anticipée et la mise en place d'un nouveau processus électoral», ajoute-t-on dans le même document. Mais comment imposer une élection présidentielle anticipée ? Qui doit la convoquer ? A ces interrogations, le président du MSP n'a pas donné une réponse claire. «Pour réaliser ces demandes, nous travaillons sur trois niveaux. Le premier est celui des partis qui activent en permanence sur le terrain pour mobiliser la population. Le second c'est la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (CNLTD), qui est composée de partis et de personnalités politiques. Le troisième est l'instance de suivi et de consultations de l'opposition», déclare-t-il. Selon lui, l'opposition a engrangé, depuis le lancement de son initiative, «un fort capital sympathie auprès des citoyens». «Nous avons constaté un fort soutien de la population. Nous n'avons jamais enregistré un tel engouement !» assure-t-il, avant de s'exprimer sur la dernière hospitalisation du président Bouteflika en France. «Nous lui (à Abdelaziz Bouteflika, ndlr) souhaitons un rétablissement, mais le feuilleton doit cesser», lance-t-il. Rejet définitif de l'initiative du FFS En plus de cette exigence, l'ISCO officialise également son refus de participer à la conférence pour «la reconstruction d'un consensus national», initiée par le Front des forces socialistes (FFS). «Aucune autre initiative, à part la nôtre, ne nous concerne», expliquent les animateurs de l'ISCO dans leur communiqué. «Nous réaffirmons notre attachement à la plateforme du Mazafran, qu'il faut expliquer aux citoyens afin de réaliser un vrai consensus, d'autant plus qu'aucune initiative n'a réalisé ce que vient de faire l'opposition qui a uni ses rangs et a présenté un projet global pour garantir les libertés et aller vers une transition démocratique souple», ajoutent-ils. Dans la foulée, l'ISCO dénonce les pressions et les atteintes aux libertés de réunion et d'organisation de marches ainsi que le piétinement du droit à la création des associations et des partis politiques. «Nous condamnons également les pressions sur la liberté de la presse à travers les restrictions sur la publicité. Cela doit être dénoncé par toutes les forces vives du pays», lit-on encore sur le même document, qui dresse aussi un tableau sombre de la situation économique de l'Algérie. La réunion de l'ISCO s'est tenue en présence, en plus des membres de le CNLTD et du Pôle du changement, de l'ancien chef de gouvernement, Sid Ahmed Ghozali, et du président de l'UDS, non encore agréé, Karim Tabbou, qui vient de rejoindre officiellement cette instance. En revanche, trois absences ont été enregistrées : il s'agit de Ali Yahia Abdennour, qui est actuellement au Canada, Mostefa Bouchachi, absent pour des raisons professionnelles, et de l'ancien chef de gouvernement, Mouloud Hamrouche. Ce dernier, explique Abderrazak Makri, «soutient toujours l'initiative de l'opposition».