Avec le lancement de Renault Algérie production (RAP), un pan de l'industrie locale espère être entraîné dans le sillage de cette usine d'assemblage. Si le sourcing local est pour l'heure insignifiant, les dirigeants de RAP promettent de le porter à 42% d'ici 2019. Un tel taux d'intégration peut-il vraiment être atteint ?En dépit de l'existence d'un réseau local de sous-traitance autour de la SNVI, composé d'environ 300 fournisseurs de près de 3000 références, les PME locales ont du mal à être qualifiées pour équiper les lignes d'assemblage de la Symbol. L'Oranie assiste à un développement embryonnaire d'un tissu de sous-traitance autour de ce site de montage. Après l'agrément de deux fournisseurs, un troisième sous-traitant est en cours de discussions avancées avec les dirigeants de RAP pour la fourniture des pare-chocs et des tableaux de bord. Ces trois sous-traitants ont un point commun : Abdellatif Taleb. Un opérateur basé à Oued Tlélat, à un jet de pierre de l'usine d'assemblage qu'il fournit déjà en pièces d'injection plastique (par le biais de la joint-venture Joktal, fruit d'un partenariat avec le géant allemand de l'emballage plastique Jokey). Cet opérateur est aussi copropriétaire (avec le turc Martur) de Martal, qui équipera la Symbol algérienne en sièges. Le même opérateur est en passe de créer une troisième joint-venture dans la perspective d'équiper l'usine voisine en pare-chocs et en tableaux de bord. Et ce n'est pas tout : cet industriel est en pourparlers très serrés avec la marque au losange, pour la fourniture de 31 autres pièces faites à base de plastique. Pour l'heure, la majorité des pièces nécessaires au montage de la Symbol sont acheminées de Roumanie. Rachid Bekhechi, vice-président de la Bourse de sous-traitance et de partenariat de l'Ouest (BSTPO) est optimiste. «L'usine Renault est un stimulant pour la création d'un tissu de sous-traitance mécanique qui crée de la valeur ajoutée. Nous avons identifié quelques opérateurs qui sont en cours d'évaluation pour postuler à fournir Renault en batteries, en tuyaux d'échappement, en câblages, en composants électroniques et en produits multimédia», affirme-il. Prospections en Roumanie et en Espagne L'usine Renault ne dispose pas d'ateliers d'emboutissage, de tôlerie et de peinture, les pièces étant achetées de la lointaine Roumanie. D'où un potentiel pour les segments de moyenne technicité comme la plasturgie, l'électronique ou encore la petite tôlerie. Ce sont autant de créneaux qui offrent des opportunités d'investissements. «Hormis les pièces de motorisations et les éléments liés à la sécurité, tous les autres créneaux sont ouverts à la sous-traitance», indique le vice-président de la BSTPO. Le défi est aussi de renforcer la présence des fournisseurs dans des segments plus technologiques, tels que la tôle, mais également l'électronique et pourquoi pas la mécanique. «La bonne organisation et la certification ISO sont des critères indispensables pour être éligible à la sous-traitance», explique M. Bekhechi. «Nous avons effectué deux missions de prospection en Roumanie et Espagne à la recherche d'investisseurs susceptibles de s'implanter localement comme sous-traitants», poursuit-il. «Un terrain industriel est en cours d'affectation à Béthioua (à l'est d'Oran) pour accueillir les futurs équipementiers. Les investisseurs peuvent solliciter le Calpiref et l'Agence nationale pour le développement industriel, afin de bénéficier des mesures de soutien prévues par la loi», conseille-t-il. Certaines taxes (notamment les droits de douane) sont, en effet, réduites pour une durée déterminée. Les sous-traitants peuvent aussi profiter de prêts à taux bonifiés, qui visent à différer la charge que l'investissement fait peser sur les entreprises. «Même si au début, les sous-traitants n'engrangeront pas de grands bénéfices, l'avantage est d'entrer dans la cour des grands en se mettant à niveau et en répondant aux standards internationaux», souligne Rachid Bekhechi. Une chose est sûre : l'augmentation du taux d'intégration en local permet de faire des économies et de baisser les coûts de production de la Symbol. L'économie locale a tout à gagner de la sous-traitance, un segment à forte valeur ajoutée et à haute intensité de main-d'œuvre.