La 8e édition du Festival national de musique andalouse Sanaâ (école d'Alger) a baissé ses rideaux, mercredi dernier, en désignant dans son palmarès la meilleure formation, à savoir El Bachtarzia de Koléa*. C'est donc elle qui ouvrira la prochaine édition, comme cette fois-ci, le lauréat 2013, El Amraouia de Tizi Ouzou, fondée en 2007 seulement. Sept autres formations étaient présentes cette année, dessinant les contours géographiques de l'influence de la Sanaâ : El Amel de Sougueur ; Anadil El Djazaïr d'Alger ; Biban El Andalous de Bordj Bou Arréridj ; Diar El Andalous de Blida : El Othmania Fen El Andalous de Ténès ; El Maghdiria de Mascara et Ahbeb Cheikh Saddek El Bedjaoui de Béjaïa comme son nom l'indique. Le festival a été marqué cette année par l'hommage rendu de multiples façons à Cheikh Omar Bensemane (1906-1972). Personnage influent de la musique andalouse algérienne, il est connu pour la maîtrise de son art et sa contribution émérite à la transmission de pans importants de ce patrimoine musical. Lors de l'ouverture, un orchestre dirigé par son fils, Yacine, et composé de certains de ses parents et élèves, s'est produit sur scène avec, comme seule musicienne, notre collaboratrice et amie, Fazilet Diff, laquelle a donné, le lendemain, une conférence sur la vie et l'œuvre du cheikh en mettant en relief son parcours de formateur. Cette communication était extraite du livret bilingue publié en cette circonstance et qu'elle a rédigé en s'appuyant sur les témoignages des proches du cheikh et, notamment, de son fils. A ce livret s'ajoute l'édition d'un double CD comprenant le pré-enregistrement du concert donné au cours du festival ainsi que des enregistrements du cheikh avec son fils (à leur domicile en 1967 et à la Radio nationale en 1971). Le tout comporte trois morceaux inédits que les mélomanes ont été ravis de découvrir, enchantés à l'idée qu'ils aient traversé le temps, préservés de l'oubli. Outre les concerts, le festival a proposé plusieurs conférences. Lundi, cheikh Salah Boukli-Hassen, musicien, musicologue et dernier luthier d'instruments arabo-andalous en Algérie (connu pour ses rebabs) a présenté une étude du mode zidane et de ses variantes. Une leçon magistrale. Pour sa part, Abdelkader Bendamèche, auteur et animateur du champ culturel, particulièrement musical, s'est attaqué à un thème passionnant : «Du zedjel au melhoun, un cheminement populaire par excellence». Le lendemain, Hafid Mouats, musicien et musicologue de Skikda, a présenté les instruments liés à la musique andalouse, s'attachant à leurs origines, leurs usages et leurs places dans l'orchestration. Quant à Noureddine Saoudi, c'est sous le titre mystérieux de «Musique andalouse, des choses et d'autres» qu'il s'est exprimé avant de reprendre le lendemain son luth afin de participer, avec Hamid Khadim et Imène Sahir, à la soirée de clôture. Grâce à ce rendez-vous, l'école de la Sanaâ, comme les deux autres écoles algériennes de musique andalouse (gharnata et malouf), qui disposent de festivals similaires, bénéficient d'une visibilité périodique et d'une émulation entre artistes et formations.