Annaba. De notre Bureau En effet, plusieurs citoyens ont décidé de marcher, vendredi prochain, sous la casquette de la société civile pour réclamer, pacifiquement, toute la vérité sur la disparition tragique de ce chef de l'exécutif que l'on qualifie à l'unanimité d'«intègre et honnête». Il faut établir la vérité sur ce qui a entraîné la mort de notre wali dans des circonstances obscures. Nous réclamons une enquête dans les plus brefs délais à l'effet de déterminer les auteurs et les traduire devant la justice. Les auteurs ne sont autres que les barons locaux du foncier que toute la population locale de Annaba sait intouchables. Le cas échéant, il faut mettre fin définitivement à la rumeur», fulminent des organisateurs. Déterminés, ces derniers le sont à plus d'un titre, puisqu'ils comptent déposer une demande d'autorisation de marcher auprès de la wilaya. L'itinéraire débutera sur le cours de la Révolution pour finir devant le siège de la wilaya, où les marcheurs observeront une minute de silence à la mémoire du défunt responsable. «Même si on nous refuse officiellement de manifester pacifiquement, nous allons marcher quand même. Il est de notre droit de réclamer pacifiquement la vérité sur les circonstances de la mort du premier responsable de Annaba. Il y va de la crédibilité de l'Etat», insistent les mêmes sources. Cette initiative, une première dans les annales de la wilaya, intervient au lendemain des déclarations de plusieurs chefs de parti politique dont le dénominateur commun est la réclamation d'une enquête pour élucider les conditions du décès de Mohamed Mounib Sendid.La dernière en date a été faite dimanche par Abdallah Djaballah, le chef de file du Front pour la justice et le développement (FJD) qui a appelé, à partir du siège de son parti à Annaba, les services de sécurité «à enquêter sérieusement sur les circonstances ayant entraîné la mort du wali de Annaba et à déférer devant la justice les mis en cause pour qu'ils soient punis». Devant un parterre réduit de journalistes et cadres de son parti, il a insisté sur «la célérité de cette enquête», car prévient-il : «En Algérie si on veut étouffer une affaire sensible on lui désigne une commission d'enquête dont les conclusions attendues ne seront jamais rendues publiques». D'un ton ferme, associé à une gesticulation expressive, l'homme à la calotte blanche a estimé : «C'est un fait très grave, s'il s'avère vrai que le défunt wali qui représente le président de la République dans sa wilaya ait été l'objet de pressions et d'intimidations des barons de la région. Il s'agit de la crédibilité de l'Etat pour éclairer l'opinion publique sur les circonstances réelles de ce drame et mettre fin à la rumeur au niveau local et national.» Un appel qui a été précédé de celui du président de Jil Jadid, Soufiane Djilali, appelant le week-end dernier à partir de la wilaya d'El Tarf, le général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah, chef d'état-major de l'ANP et vice-ministre de la Défense nationale, à ouvrir une enquête sur la mort du wali de Annaba. «C'est une affaire qui relève du DRS, sous son commandement, car elle implique la mafia du foncier, une organisation criminelle nationale qui s'est considérablement développée, étendant ses tentacules dans toutes les wilayas où des walis vivent sous la même menace que celle que subissait le défunt Mohamed Mounib Sendid», soutient-il. Mais le la a été donné préalablement par la secrétaire générale du Parti des travailleurs, Mme Louisa Hanoune, lorsqu'elle a qualifié le défunt wali de Annaba de «martyr de la lutte contre la mafia du foncier». Selon elle, d'autres walis sont la cible de cette mafia si les responsables du décès dramatique du wali de Annaba ne sont pas arrêtés. Tout a commencé au lendemain d'un important glissement de terrain survenu le 7 septembre dernier sur le CW n°15 – reliant la commune de Annaba à celle de Seraïdi via Sidi Aïssa. L'incident a scindé la route bitumée en deux. Première mesure conservatoire, le wali de Annaba a décidé l'arrêt immédiat de tous les travaux des chantiers dans cette zone, devenue un risque latent. C'est à partir de là que les pressions sur le désormais ex-wali ont connu leur apogée, car ce sont en totalité des chantiers de promotion immobilière appartenant à des personnes influentes, dont un est la propriété d'un parent de Louisa Hanoune et d'autres de prête-noms de hauts gradés militaires. Devant une telle pression de reprendre les travaux au détriment de la sécurité des riverains, le commis de l'Etat n'a pas résisté. Mohamed Mounib Sendid est décédé à l'hôpital Montsouris de Paris le 23 décembre, où il avait été évacué le 27 novembre dernier, victime d'un infarctus survenu le 25 octobre suite à un stress poussé. Il a payé de sa vie en laissant derrière lui une veuve et quatre enfants. Une enquête s'impose.