«Cette discipline cadrait parfaitement avec mon profil d'aventurier, de féru d'histoire. C'est du moins comme ça qu'on voyait la chose à l'époque», se rappelle-t-il. En 1987, ce passionné des vestiges obtient son doctorat de 3e cycle en études et civilisation islamiques à l'université Paris-Sorbonne, avant de décrocher le poste d'enseignant à l'Institut d'archéologie. «Je n'ai jamais pensé une seconde que je serai enseignant, mais une fois dedans j'ai compris la noblesse de la transmission du savoir. C'était une occasion pour contribuer à l'évolution de la nation dans un domaine aussi important que le patrimoine. Une mémoire ancestrale à préserver coûte que coûte pour prétendre compter avec les grandes nations historiques… et nous sommes une grande nation historique», confie-t-il fièrement. Si l'archéologie est une vocation pour Azeddine Bouyahiaoui, elle n'est jamais aussi pertinente que lorsqu'elle contribue à la récupération et la préservation de la mémoire collective, comme elle assure la crédibilité des événements historiques. Sur le plan archéologique, le professeur peut se targuer d'avoir mené des fouilles et des prospections sur plusieurs sites archéologiques. Mais celles qui correspondent le mieux à son domaine, ce sont les fouilles effectuées sur le site de Taza où se dresse le fort de l'Emir Abdelkader. «Un monument historique de cette période (musulmane) est d'abord une architecture différente de celle des autres civilisations dans les modes constructifs ou dans les espaces vitaux, etc. C'est la même chose pour les principes urbanistiques : le tracé de la ville musulmane n'est pas celui de la ville romaine, les éléments urbains aussi. La richesse de l'humanité est dans cette différence», romance ce passionné d''archéologie. Lors de notre rencontre, ses mots, sa gestuelle et ses explications nous renvoient aux siècles de ses recherches. Il raconte les œuvres de ses personnages étudiés comme Homère, l'Odyssée grecque. A la différence qu'Azeddine Bouyahiaoui présente les preuves scientifiques de ses histoires. Une histoire volontairement ou involontairement oubliée, celle d'un peuple qui aujourd'hui encore polémique sur son identité.