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Plaidoyer pour une révolution verte dans le Sud algérien
Publié dans El Watan le 03 - 01 - 2015

Bravo à cette dynamique équipe composée de personnes motivées et expertes dans le domaine de l'agronomie. Enclencher une «révolution verte» dans le sud du pays est, à l'évidence, un fabuleux challenge tout à fait à la portée des Laghouatis qui ont, de tout temps, démontré leur pugnacité et leur ingéniosité à surmonter les adversités d'où quelles viennent. Se relever d'un terrible génocide — perpétré en 1852 par le tristement célèbre général Pélissier et au cours duquel pas moins des deux tiers de la population ont été décimés et l'oasis ravagée — est, en soi, un signe révélateur d'une telle pugnacité.
Le défi porté à bout de bras par cette équipe d'experts et d'étudiants volontaires vise non seulement à faire renaître de ces cendres la merveilleuse oasis — Laghouat est le pluriel de «ghaout» qui veut dire maisons entourées de jardins — magnifiée par de célèbres peintres à l'exemple de Delacroix, mais également à démultiplier son schéma originel extra-muros afin de rompre avec le profil hideux de zones urbaines nouvelles sans âme ni charme. Une vision des plus exaltantes quand on s'imprègne des esquisses élaborées incluant toutes les approches : agronomique, environnementale, économique, historique, culturelle et sociologique. Un travail de pros !
A un moment, en regardant défiler les prometteuses images de cette vidéo, je me suis senti transporté dans un des espaces de la Silicone Valley où des hommes de bonne volonté, armés du bon sens que procure le recours à l'investigation scientifique et à la concertation sans exclusive, réussissent à réaliser des miracles.
Sans aucun doute, l'association El Argoub est sur cette voie. Autour du fermier M. Brik (le manager en chef) s'exprimant dans un anglais parfait et à l'allure de Yankee accompli, des chercheurs, des universitaires, des pédagogues et cet incontournable phoeniciculteur campé par le distingué oasien Moulay Moulay, un septuagénaire grimpeur-pollinisateur (un spiderman !) des palmiers les plus élancés, s'offre un tableau idyllique annonciateur, à Laghouat, d'un renouveau agraire certain.
La ferme privée de Hadj Mohamed Brik est devenue, à force de persévérance, un véritable jardin d'essai où l'on peut rencontrer de longues rangées de palmiers dattiers de toutes espèces, l'expérimentation de surprenants cultivars, l'élevage expérimental de diverses espèces animales ainsi que l'introduction de variétés arboricoles , maraichères et horticoles exotiques que les sols d'El Assafia semblent agréer maternellement. Ne dit-on pas que «pour commander à la nature, il faut d'abord obéir à ses lois» ? Les Américains n'ont-ils pas réussi, en Californie, la culture du palmier Deglet nour dont les rejets-souche (djabar) ont été convoyés depuis Tolga (Biskra) ?
Le fait d'associer, en parfaite symbiose, les anciens férus de pragmatisme et la jeunesse locale aspirant au savoir scientifique ouvert sur l'universalité, est un signe probant d'un bel avenir en rupture totale avec le volontarisme d'antan campé par des décideurs péremptoires n'ayant aucune articulation avec le vécu des populations et la réalité du terrain et faisant, la plupart du temps, chou blanc.
Le dirigisme par trop rigide adopté par ces mêmes décideurs a causé de préjudiciables ravages au secteur national de l'agriculture. Il continue d'en pâtir jusqu'à ce jour du fait, justement, de l'impasse faite sur l'association des premiers concernés, en l'occurrence les premiers acteurs des terroirs. A ce propos, il m'importe de rappeler – pour avoir, avant d'embrasser la carrière de journaliste, été technicien hydrogéologue au projet Algérie 9-Hodna de la FAO ayant engrangé de précieuses connaissances sur le management des professions agricoles – la bévue des responsables locaux de Laghouat dans l'adoption du schéma de gestion du périmètre agricole de Mekhareg.
C'était à la fin des années soixante-dix, quand il a été décidé, dans la précipitation, de confier les coopératives agricoles de production de la révolution agraire (CAPRA) à… des pasteurs-nomades sans prendre la précaution de les initier aux méthodes culturales. Le résultat, plus que déplorable, n'a pas tardé à se confirmer.
Les attributaires à qui on a, par excès de populisme ou par générosité de mauvais aloi, adjoint à leurs moyens de production un consistant cheptel d'ovins (brebis reproductrices et béliers) ont, par réaction atavique, fatalement privilégié l'élevage aux cultures maraichères et à l'arboriculture. Les effets d'un tel penchant, du reste tout à fait naturel, s'est soldé par une prolifération de la production animale au détriment des deux autres activités (maraîchage et arboriculture). En l'absence de superficies réservées aux fourrages, les cheptels se sont rabattus sur les potagers et les vergers pour en faire leur alimentation de prédilection.
Au cours de la cérémonie d'attribution des ovins organisée au village socialiste Nacer Benchohra, je ne pu m'empêcher de faire, devant le premier wali de Laghouat, Mustapha Benzaza Allah yarhamou, la remarque accréditant la thèse de ce mauvais choix. L'ivresse socialisante avait malheureusement,rabroué sans appel ma mise en garde, inspirée de ma modeste expérience acquise auprès d'experts internationaux chevronnés de la FAO.
Un tel témoignage a été fourni par moi-même à L'hadj Tahar Rouighi (un ingénieur agronome chevronné) à l'occasion du reportage que j'ai effectué, au milieu des années quatre-vingt, en sa compagnie, sur l'état désastreux du périmètre de Mekhareg suite à cette incurie. Il peut en témoigner.
Incurie, disais-je, ce n'était hélas pas la seule puisque, lors du choix de l'assiette d'implantation du village socialiste, les mêmes autorités avaient été prévenues par un vieil homme de la tribu des Larbaâ que, selon les faits transmis de génération en génération, cet endroit était périodiquement sujet à des inondations survenant tous les quatre-vingts ans… La nature ne pouvait être impunément démentie. Le furieux oued M'zi supplée, quand il est entré en crue par son cadet, l'oued J'dei, à ce point de culmination temporelle, submergeant, quelques années après, la totalité du village.
Mon but, en faisant ce long détour, consiste à inciter, en toute modestie, les professionnels de l'agriculture à pécher par excès plutôt que par défaut dans leurs approches d'aménagement des terroirs afin de ne pas, en tournant le dos aux démarches inclusives, tomber dans le travers des projets bâclés et leurs corollaires, comme cela a été le cas pour Mekhareg, la désertification des sols et des populations (exode rural).
Mon ami et frère Mohamed Hadj Aïssa, que Dieu nous le garde, a merveilleusement résumé une telle vertu en ajoutant à l'énumération des dix principes invoqués par Hadj Mohamed Brik, pour rattraper les pays développés, un onzième : «La communication et l'écoute attentive de l'autre.» Là, est en effet le véritable enjeu pour la réussite de projets d'envergure.Mais pourquoi, Bon Dieu, éprouve-t-on chez nous de la frilosité, sinon de la honte à s'inspirer des expériences des autres ?
Le gigantesque désert de Californie n'a pu être transformé en paradis que grâce à l'enviable démarche de ses concepteurs qui se sont rendu compte, après le constat d'une série de couacs, que le secret de la réussite d'une si vaste mise en valeur reposait sur l'association des populations autochtones et riveraines. Un «message aux espérances époustouflantes» loin d'être exagéré, ce satisfecit à l'endroit du «team works» développé par l'association El Argoub de Laghouat mérite d'attirer, avec force et considération, l'attention des autorités centrales du ministère de l'Agriculture et du Développement rural.
C'est une initiative porteuse d'inespérées plus-values en matière de recherche managériale au bénéfice de ce département dont la tare la plus criante est de s'être, de tout temps, emprisonné dans une sorte d'ostracisme béat, refusant sans appel toute «intrusion» d'expériences, de savoir-faire et même… de mieux faire abrités par ce gisement incommensurable qu'est la paysannerie algérienne dans le sens noble du terme.
Le constat de l'indigence éditoriale en matière de vulgarisation des techniques agricoles et d'élevage — nombreux sont actuellement les agriculteurs algériens qui se rappellent avec nostalgie de la défunte émission «El Ardh wal Fellah» du regretté Ahmed Wahid qui, en dépit de son caractère quelque peu ingénu et bourru, parvenait à transmettre des messages à l'incidence positive sur le vécu paysan souvent mis en exergue — corrobore on ne peut mieux une telle défaillance.
Avant l'indépendance, les revues et brochures dédiées aux différentes professions agricoles se comptaient par dizaines. Aujourd'hui, alors que les TIC offrent d'insoupçonnables avantages pour multiplier et généraliser de tels supports, le secteur de l'agriculture ne dispose pas de relais pédagogique digne de ce nom au service des acteurs du monde rural. Seulement un site officiel figé au profil «jdanoviste» vantant un hypothétique renouveau agricole et autre Sypralac trahi par une mythique (utopique ?) régulation de la commercialisation des produits agricoles de base livrée à la main basse d'une cohorte de spéculateurs et «baggarine». Les prix mirobolants, au détail, affichés par dame pomme de terre, renseignent suffisamment sur la suprématie d'une mainmise mafieuse sur le garde-manger national.
Les milliards de dollars alloués à l'importation de produits alimentaires est une insulte, pis, une avanie à l'adresse de la paysannerie algérienne, surtout à celle du sud du pays qui se dépêtre dans d'innombrables difficultés à l'effet de prendre le relais d'un Sahel mité par une «bétonisation» débridée et où se bousculent plus de 80% de la population nationale sur une bande littorale représentant moins de 5% de la superficie totale du territoire national.
Il n' y a plus lieu de se voiler la face : l'avenir de l'agriculture est dans le sud du pays. Le plus clair des moyens doit être impérativement translaté sur ses vastes contrées où d'entreprenants pionniers, à l'exemple des membres de l'association Al Argoub de Laghouat, en partenariat avec l'université locale, Amar Thlidji et de la Chambre de l'agriculture wilaya, s'ingénient, contre vents et marées, à lancer et relever le défi de faire de l'arrière-pays un réservoir d'immenses richesses agricoles et animales.
Des expériences concluantes et prometteuses ont été tentées à Laghouat. Elles ne demandent qu'à être encouragées par les pouvoirs publics et élargies aux autres régions. L'indépendance du pays en dépend. C'est à notre portée, pour peu que les tenants du pouvoir daignent lui accorder l'intérêt et la sollicitude qu'elle mérite. L'adage qui dit «tu peux trouver dans le ruisseau ce que tu t'échines à rechercher dans l'océan» (de la fuite en avant ?), interpelle avec force nos décideurs. Il reste à souhaiter plein succès à cette association. Bon vent, ahl El Argoub !


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