Oui nous sommes Charlie, ne vous en déplaise, messieurs les tueurs ! Nous savons que cela vous insupporte car vous haïssez la liberté, toutes les libertés. En particulier l'une des plus fondamentales, la liberté d'expression, celle que vous croyez tuer en assassinant lâchement des dessinateurs de presse qui ont élevé l'irrévérence au firmament du journalisme, en pratiquant l'humour et la dérision. Vous n'aimez pas la liberté de penser car elle permet le libre arbitre et celui-ci vous est totalement étranger, vous qui prétendez installer les ténèbres dans nos cœurs et nos têtes. Vous n'aimez pas non plus la liberté de conscience, vous qui vous arrogez la folle prétention de diriger nos consciences. Vous n'aimez pas l'amour, ni l'humour bien entendu – l'amour et l'humour vous font peur, vous les suppôts de la haine et du rejet. Vous n'aimez pas la vie, vous n'en avez aucun respect puisque vous semez la terreur et la mort, brutalement, lâchement. Vous n'aimez rien, au fond, vous n'êtes rien d'autre que des criminels méprisables. Parce que vous êtes incultes et faibles, vous utilisez la violence barbare et l'infamie. Comme nous avons été américains lors de l'attaque contre le World Trade Center, comme nous avons été espagnols lors des attentats de la gare d'Atocha, comme nous avons été algériens lors de la tentative d'extermination de l'intelligence de ce pays, yézidis sur le mont Sinjar, kurdes dans la ville assiégée de Kobané, nous sommes aujourd'hui français. Nous sommes Charlie. Comme nous avons été Tahar Djaout, Abdelkader Alloula, Saïd Mekbel, aujourd'hui nous sommes Cabu, Charb, Tignous, Wolinski, Mustapha Ourad et les autres. Nous sommes Charlie.