A la fois poétesse, écrivaine et traductrice, Rabéa Djalti est, sans conteste, une auteure à succès. En témoignent ses nombreuses œuvres publiées en langue arabe et traduites dans plusieurs langues. Elle est également récipiendaire de plusieurs prix dans le monde arabe et occidental. Cette rencontre littéraire, qui a regroupé un public impressionnant, a tourné autour de l'une de ses dernières publications intitulée El Dharwa ( L'Extase ). Rabéa Djalti a d'emblée précisé que L'Extase est un roman qui sort de l'ordinaire du roman arabe, et ce, selon les appréciations des critiques dans le monde arabe et le Moyen-Orient. Ce roman se décline sous la forme d'une prophétie. Le personnage principal parle de ce qui arrive dans le monde arabe avant que personne ne le sache. C'est un roman qui parle de l'Algérie et du monde arabe. En outre, il pointe du doigt les problèmes de tous genres que subit l'être humain sur terre, c'est-à-dire «ces méchancetés qui sortent de l'être en chair et en os. C'est un roman qui décolle de notre Algérie, de tout ce qui se passe, mais il y a le côté de l'humour noir. Il y a beaucoup de gens qui ont reconnu des femmes et des hommes politiques. Ils ont reconnu leur identité dans les personnages qui circulent», explique-t-elle. Revenant sur le choix du titre L'Extase, la, poétesse indique que dans l'univers, on retrouve tout, notamment le summum. «Le summum, dit-elle, c'est l'au-delà de l'extase. C'est le summum de tout. L'être humain veut être tout. Il veut être, entre autres, Dieu, la méchanceté, la bonté. En se comportant ainsi, il se détruit et détruit tout ce qui vit autour de lui». Pour Rabéa Djalti, le roman ne peut pas fonctionner sans le pouvoir imaginaire. «Je pense que dans le roman même si des gens se connaissent, ils ne se reconnaissent pas entièrement parce qu'il y a de la fiction. Il y a des gens qui sont à la fois réels et irréels. C'est-à-dire qu'on peut les croiser dans la rue, mais ils sont habillés par l'imaginaire». La trame de l'histoire L'Extase autour de la destinée de quatre femmes, issues d'époques différentes. En effet, on retrouve des moments-clés de la Révolution algérienne, depuis l'indépendance jusqu'à nos jours. Ainsi, les quatre personnages incarnent des époques données. A titre d'illustration, la grand-mère Andalouse incarne la Révolution et la petite-fille portant le même prénom représente la nouvelle génération. Deux autres personnages, incarnant le pouvoir suprême sont greffés dans cette narration. La romancière Rabéa Djalti reviendra également sur son recueil de poésies intitulée El Nabiyyetes ( Les prophétesses), sorti au Liban et en Algérie. Il s'agit, en fait, d'un genre de pièce théâtrale. Il y a une prophétesse qui arrive. Elle écoute et mène une discussion entre elle et des gens. Ces derniers lui racontent leur vie, l'indifférence, la liberté, l'égalité. «Il y a toute une histoire avec cette prophétesse qui vient avec beaucoup d'espoir mais également avec beaucoup de tristesse», souligne l'intervenante. A la question de savoir dans quel genre Rabéa Djalti se sent à l'aise, elle répond avec une infime douceur que cela dépend des moments. «Je me laisse aller et emporter par des vers ou une prophétie. J'aime bien raconter. Le poème, pour moi, c'est la profondeur. Par contre, le récit d'un roman, c'est horizontal. Pour moi, un petit poème peut prendre la place d'un grand roman de 400 pages», argue-t-elle. Rabéa Djalti a également parlé de son projet d'écriture. Elle est, actuellement, en pleine phase d'écriture d'un nouveau roman. Elle souligne qu'elle prend tout son temps pour écrire. Elle n'a aucune contrainte avec le temps, car «écrire un livre, c'est quelque chose de précieux»,conclut-elle.