Les insuffisants rénaux de la wilaya de Bouira sont arrivés à bout de leur patience. Cela fait de longs mois qu'ils n'ont de cesse de lancer des SOS, interpellant les pouvoirs publics sur leur dramatique situation. Tous les appels de détresse qui ont été lancés durant ces derniers mois sont tombés dans l'oreille d'un sourd. L'association d'aide aux insuffisants rénaux de la wilaya de Bouira, créée en 1996 et qui a élu domicile au niveau de l'Epsp de la ville, ne trouve toujours pas d'où collecter les fonds pour couvrir les dépenses de plus de 240 malades. Foudi Amar, président de cette association, nous a affirmé que les aides et les subventions viennent pour leur majorité des particuliers. « Pour l'année 2009, la wilaya nous a donné une somme de 100 000 DA », dit-il. Parlant toujours des subventions, notre interlocuteur a tenu à préciser aussi que « depuis près de cinq ans, l'association n'a reçu aucun sou de la part de l'APC ». Quels sont les frais qui peuvent être couverts par une modique somme d'argent de 10 millions de centimes ? Les besoins des malades dépassent de très loin les moyens dont dispose l'association. Rien que pour la fistule artério-veineuse (FAV), le malade doit débourser une somme de 10 000 DA. « Comme la majorité des malades sont pauvres, c'est l'association qui se débrouille de les prendre en charge », ajoute notre interlocuteur. Faut-il tout de même souligner qu'environ 25 nouveaux malades attendent d'être dotés d'une FAV. « Il faut nous aider, les malades souffrent énormément. Aux responsables de regarder à cette couche souffrante de la société », a lancé M. Fouda, premier responsable de l'association. D'autre part, tous ces manques soulevés ne sont qu'une infime partie du grand lot de problèmes auxquels ils font face quotidiennement. À commencer par les générateurs, selon M. Fouda, ces machines sont dans un mauvais état. « Pour le centre d'hémodialyse de la ville de Bouira qui reçoit pour lui seul près de 140 malades, la plupart de ses 22 générateurs doivent être changés. Après 10 000 heures de travail, ces machines sont automatiquement remplacées, mais celles-là ont fait plus de 22 000 heures et fonctionnent toujours », a-t-il ajouté. Cette situation peut bien s'appliquer sur les quatre centres existant à travers la wilaya. Le manque de personnel paramédical apporte aussi son lot de désagréments aux malades. Ainsi, les médecins spécialistes ne sont pas en nombre suffisant afin d'assurer une bonne prise en charge. En plus de tout cela, faut-il encore soulever le manque flagrant d'hygiène dans les centres d'hémodialyse. Nous avons appris aussi que certains malades passent la nuit sur les bancs de la salle d'attente du centre, faute de moyens de transport. D'autres paient un taxi jusqu'à 2000 DA. À Lakhdaria, Aïn Bessem, M'Chedallah et à Bouira, la prise en charge des personnes souffrant d'insuffisance rénale est loin d'être satisfaisante. Selon le président de l'association, le wali de Bouira leur a déjà promis d'organiser une journée de sensibilisation à leur profit. La journée n'a pas eu encore lieu, et les dialysés continuent d'espérer avoir du sang neuf dans les veines pour « survivre ».