Les éditions Khartala, qui nous ont habitués à d'excellents travaux sur l'Algérie, nous proposent, en ce début d'année 2015, un ouvrage intitulé La Guerre d'Algérie revisitée, sous la direction de Aïssa Kadri, professeur émérite des universités ; Moula Bouaziz, historien, politologue, dont les recherches portent sur les questions de violence politique et de crise dans la Wilaya III pendant la guerre de Libération nationale et Tramor Quemeneur, historien, dont les recherches portent sur les désobéissances et les oppositions à la guerre d'Algérie. Soixante ans après le déclenchement de la Révolution algérienne, le livre propose des thèmes portés par une jeune génération d'universitaires et de chercheurs qui, «sans se démarquer totalement de la génération précédente, la renouvellent en grande partie», indique Khartala. «Celle de l'après-guerre d'Algérie avait posé les cadres généraux de l'histoire de la période et d'une certaine manière ‘‘dégrossi'' l'histoire de ces années de feu». Cette nouvelle livraison, avec un œil neuf, apporte «de nouveaux éclairages sur la compréhension de la guerre. Les approches explorent davantage les racines et les dimensions internationales du conflit». Sont ainsi abordés le rôle de la Hongrie, de l'Italie, d'Israël et de la Croix-Rouge. «Le caractère nouveau de ces recherches se retrouve également dans l'attention portée aux opinions publiques, à la communication et au rôle de l'imprimé (éditeurs et éditions), aux idéologies, aux représentations et aux pratiques des acteurs de la confrontation (théories et théoriciens de la guerre anti-subversive, combattants et opposants à la guerre), aux rapports hommes/ femmes dans les luttes (militantes et porteuses de valises)». Le livre est divisé en quatre parties : les fondements de la guerre dans le temps long de l'Algérie coloniale ; guerre, révolution et contre-révolution ; les dimensions internationales de la guerre ; expériences, représentations et mémoires de la guerre. Pas moins de 29 contributions pour autant de chercheurs enrichissent ce nouvel apport à la compréhension de l'histoire nationale, vue ici dans un contexte international. Parmi les thèmes qui, à première vue, paraissent novateurs, on pourrait citer Philippe Bouba qui traite du mouvement anarchiste en Algérie de 1887 à 1926 : presse de propagande et de combat, activités militantes et positions politiques face au fait colonial. Emmanuel Blanchard, qui revient sur une histoire méconnue, celle de la répression de la manifestation algérienne du 14 juillet 1953. Nedjib Sidi Moussa parle de l'émancipation des femmes et du paternalisme dans le mouvement messaliste. Fabien Sacriste aborde la «Méthode Mao» contre les «Mille villages» ? Réflexions sur l'historiographie des «regroupements». Quant à Roland Lombardi, il traite du regard et l'implication d'Israël dans la guerre d'Algérie. Un aspect international méconnu.