La France n'a pas encore livré tous les secrets qui ont émaillé la guerre d'Algérie. Le jeune historien français, Tramor Quemeneur, vient de lever le voile sur certaines zones d'ombre. Dans une thèse de doctorat, ce chercheur à l'Institut français d'histoire du temps présent, estime que «plus de 12.000 réfractaires ont été déclarés au cours de la guerre d'Algérie (...), ce qui correspond à 1% des appelés en Algérie». Selon le journal français Libération, cette thèse, «Une guerre sans nom», paraîtra en 2009 aux éditions La Découverte. M.Quemeneur soutient que l'étude des séries statistiques contenues dans les archives du service historique de la défense, montrent que plus de 12.000 réfractaires ont été déclarés au cours de la guerre d'Algérie. Les plus nombreux sont les insoumis, les appelés qui ne se sont pas présentés lors de leur appel sous les drapeaux. On en compte 10 831. S'y ajoutent «les déserteurs: 886 soldats ont illégalement quitté leur unité en Algérie». Enfin «les objecteurs de conscience (420) qui ont refusé de porter les armes ou l'uniforme». Pour cet historien, qui consacre sa thèse au cas des réfractaires, «le nombre de 12 000 réfractaires (...) reste très minime, puisqu'il ne correspond qu'à 1% des appelés. Mais, prévient le jeune historien, il est sans doute en-deçà de la réalité» car «les archives militaires judiciaires ne sont pas encore ouvertes aux chercheurs». Tramor Quemeneur considère, de ce fait, que «ce chiffre dépasse de loin toutes les estimations avancées jusqu'ici». Il faut savoir que l'Hexagone aborde encore ce sujet avec précaution. Le nombre des réfractaires à la guerre d'Algérie demeure encore un secret d'Etat que la France semble vouloir préserver pour longtemps. Il convient de noter que la France avait mobilisé 2 millions de militaires, dont 1,2 million d'appelés du contingent, pour venir à bout d'une révolution qui aboutira à l'indépendance de l'Algérie. Seulement, plusieurs d'entre eux, qui se comptent par milliers, avaient refusé de se joindre à cette guerre livrée par la France coloniale contre les Algériens. Une guerre coloniale dans laquelle ils étaient impliqués sans comprendre les raisons «du conflit» et encore moins, en quoi cela les regardait. Si certains d'entre eux refusaient d'y aller par principe: antimilitaristes, pacifistes ou religieux, d'autres ont préféré l'insoumission simplement parce qu'ils étaient pour l'abolition du colonialisme et, par ricochet, pour l'indépendance de l'Algérie.