Il quitta ainsi la rue de France, pour descendre la rue Sidi Lakhdar, et rejoindre la rue Combes (actuelle rue Kadid Salah). Arrivé près du sabbat menant vers Rahbet Essouf, il s'arrêta devant la boutique d'un boucher, où il reçut dans le dos des balles d'un revolver de calibre 7,65. Selon la Dépêche de Constantine du vendredi 30 mars 1956, le tueur a pris la fuite en direction de la rue Bleue qui descend vers l'ex-rue Vieux (actuelle rue Amar Rouag), et débouche sur la rue Georges Clemenceau (Rue Larbi Ben M'hidi). Evacué, Sammarcelli est mort sur la route vers l'hôpital. L'assassinat du commissaire du 2ème arrondissement fut un coup très dur pour les autorités françaises. L'opération était un véritable défi, surtout que Sammarcelli fut abattu à quelques encablures du siège du commissariat de Rahbet Essouf. Une fois l'alerte donnée, une gigantesque opération de police, jamais connue durant la guerre de libération à Constantine, fut engagée dans tout le centre-ville. De nombreux Constantinois, qui avaient été témoins à l'époque, se rappellent de ces unités militaires qui avaient cerné tous les quartiers de la ville, et bouclé toutes les voies d'accès, avec la fouille de tous les passants. C'était un véritable ratissage opéré maison par maison dans les vieux quartiers de la ville, situés dans le périmètre de la rue de France, la rue Clemenceau jusqu'à la place de la Brèche, où tous les commerçants avaient fermé boutique. Même les unités de réserve de l'armée ont été appelées dans l'après-midi. Des tueries en plein centre-ville Depuis la matinée et jusque tard dans la nuit, des camions militaires sans fin transportaient des centaines d'hommes, rassemblés sur les rampes et la place situées en face de l'ancien Hôtel de police (actuel commissariat central) du Coudiat. Des hommes entassés à même le sol attendaient la procédure de vérification d'identité qui s'est poursuivie jusque tard dans la nuit de jeudi 29 à vendredi 30 mars 1956. Des Constantinois se rappelaient encore que dès l'annonce de l'attentat, le fils du commissaire, qui était parachutiste stagiaire à l'époque, avait pris l'arme et a commencé à tuer des civils. Sa première victime a été abattue juste au niveau des escaliers reliant le Coudiat à l'ex-rue Petit (actuelle rue Bouderbala). Durant la nuit, des groupes de l'organisation «La main rouge» ont enlevé et tué plusieurs personnes soupçonnées d'avoir des relations avec le FLN. On citera entre autres Ladjabi Mohamed Tahar et Kechid dit Boucherit, mais le plus célèbre parmi eux était l'écrivain Ahmed Redha Houhou. L'on estime à 300 le nombre de personnes tuées lors de ces représailles. Selon des témoignages recueillis auprès d'anciens membres de l'organisation FLN-ALN à Constantine, l'attentat contre Sammarcelli a été l'œuvre de trois personnes. Il s'agit de Amar Zermane, chef du groupe, originaire de Djebel Ouahch, Amar Benayache, dit «Chemin de fer» habitant Sidi Mabrouk (celui qui a tiré sur le commissaire) et Hocine Benabbes, habitant la cité Ameziane. L'attentat est survenu en réponse au démantèlement du réseau du Fida à Constantine au mois de novembre 1955. Les trois auteurs ont été condamnés à mort par contumace par le tribunal militaire de Constantine. Amar Benayache et Hocine Benabbes sont tombés au maquis en 1956 et 1957, quant à Amar Zermane, il est décédé dans les années 2000. L'opération demeure jusqu'à nos jours l'un des principaux évènements ayant marqué l'histoire de ce qu'on a appelé désormais «La bataille de Constantine». Pour l'histoire, le commissaire Jean Sammarcelli est né en 1900 à Loreto-di-Casinca en Corse. Ayant débuté une carrière militaire dans l'infanterie, il avait choisi le corps de la police où il avait été commissaire de police à Tiaret, Bejaia, Tébessa, et Saint Eugène à Alger, avant de rejoindre son poste à Constantine en 1943.