Selon Mme Gisele Sapiro, directrice de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et directrice d'études à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS) en France, la multiplication des instances spécifiques, telles les foires internationales du livre, favorisent l'unification et la structuration du marché international de la traduction, ajoutant qu'il y a une montée d'agents littéraires qui va contribuer, rationnaliser et harmoniser le mode de fonctionnement de ce marché. Animant une conférence sur le thème «Traduction et mondialisation : les enjeux socio-économiques de la circulation des livres», au siège de l'Unité de recherche sur la culture, la communication, les langues, la littérature et les arts (UCCLLA), Mme Sapiro a rappelé que les flux de traduction offrent un bon indicateur de la circulation des textes d'une culture à une autre. «Je défends la diversité culturelle linguistique, la diversification des langues de traductions et je réfléchis aux moyens de promouvoir cette diversité dans l'état existant malgré les contraintes économiques», précise-t-elle, avant de poursuivre: «Il faut une réflexion collective là-dessus parce que les lois du marché sont très puissantes et il existe un risque d'engloutissement de tous ces efforts qui sont déployés par des réseaux d'agent». «On peut parler de l'unification progressive du marché mondial de la traduction, notamment avec la multiplication des lieux d'échanges comme les foires internationales du livre et la parution des multinationales», précise Mme Sapiro. Elle ajoute : «Il y a des instances qui agissent aussi, notamment les Etats à travers les relations diplomatiques». Selon la conférencière, 59% des livres traduits dans le monde durant les années 90 sont traduits de l'anglais, rappelant que la traduction n'est pas seulement une fonction de médiation ou de communication mais aussi un rapport de force économique, politique, etc.