Outre la Roumanie dont les films ne cessent de surprendre le public, celui-ci découvre des visions et sensibilités différentes à l'instar de ce documentaire portant sur la vie de Kamal Hamadi. La Maison de la culture de Tizi Ouzou n'a pas désempli depuis le 15 mars, jour de l'ouverture de la 10e édition du Festival culturel annuel du film amazigh. Les films en compétition se suivent et se ressemblent sans grande saveur. Jeudi matin pourtant, un documentaire de Abderazak Larbi Chérif intitulé Kamal Hamadi ger yenzizen a fait exception à la règle dans la grande la salle, ce jour-là. Ce film intimiste qui a fait déplacer un bon nombre d'artistes et un grand public a su nous restituer la vie et l'oeuvre de cet immense artiste qu'est Kamal Hamadi. L'on découvre un parcours riche pour cet auteur-compositeur qui a mis son talent au service d'un nombre impressionnant d'artistes algériens, que ce soit d'expression arabophone ou amazighe. Kamal Hamadi, un être exceptionnel et d'une humilité extraordinaire évoque dans ce film son parcours, et l'on ne peut que rester admiratif devant ce monument de la musique algérienne. A travers ce documentaire émouvant, ce sera l'histoire de la chanson de l'émigration qui est racontée, mais aussi un zoom sur la nouvelle génération d'artistes pour qui Kamal Hamadi apportera son plein talent. D'El Anka à Slimane Azem, Blaoui Houari, Mami et Khaled, en passant par la diva Nora, sa femme, qu'il initia à la chanson, Kamal Hamadi se révèle d'une «générosité artistique» extraordinaire comme l'a si bien souligné Abdelkader Bendaâmache. Le réalisateur de ce film documentaire avouera que l'idée du film est venue de Mohamed Berkani, un journaliste installé en France. Il se félicitera de la bonne ambiance qui régnait au sein de l'équipe et dont le mérite revient dira-t-il à «Da Kamal». Pour sa part Kamal Hamadi fera remarquer à juste titre que ce film ne porte pas sur lui seulement, mais sur l'art et la musique de l'émigration, ce qui est important à dévoiler et mettre en avant. Présent dans la salle, Akli Yahiatène viendra embrasser Kamel Hamadi en le qualifiant d'«artiste inoubliable pour l'Algérie». Le grand Aït Menguellet qui ne tarit pas d'éloges sur Kamal Hamadi dans le film, dira que notre compositeur émérite vaut plus qu'un film, car ce dernier ne renvoie qu'à une infime partie de son riche patrimoine culturel et artistique. Un répertoire très large dont il a fait bénéficier de nombreux artistes y compris de la nouvelle génération qui compte reprendre le flambeau sous les conseils éclairés de Kamel Hamadi. «Il a ouvert l'esprit à de nouveaux genres de musique comme le bédoui. Il représente notre mémoire collective. Il faut en profiter et la préserver» a dit Bendaâmache. Dans la continuité du travail d'Iftissen, sur la chanteuse H'nifa, ce film s'inscrit dans le cadre de cette promotion de la culture amazighe. Un film fort qui avait obtenu l'Olivier d'or l'an dernier pour le meilleur documentaire. Gageons qu'il en sera de même pour celui-ci portant sur Kamal Hamadi. Pour info, ce documentaire va être itinérant dans la mesure où il ira à la rencontre du public, nous apprend-on. Fait chevalier de l'Ordre du mérite en 2008, à Paris, Kamal Hamadi mérite tous les égards et tous les honneurs car un grand artiste qui a su rester humble et à l'écoute de ses semblables, son auditoire et le peuple. Et cela, est magnifique. Les gens l'aiment aussi pour ça, car abordable et très disponible. Sa fille, la couturière Majda, présente elle aussi, a reproché à son père de ne pas raconter suffisamment son parcours. C'est avec émotion qu'elle fera connaissance de son itinéraire jonché d'embûches et son ascension au rang des grands. Le film documentaire restitue en images d'archives ses débuts, mais apporte de nombreux témoignages de ceux qui l'ont connu et pour lesquels il a composé, depuis des lustres et continue à le faire.