La nièce de la figure emblématique du mouvement réformiste en Algérie nous a confirmé avoir saisi les autorités à propos de la statue installée récemment sur la place des Martyrs, en plein centre-ville de Constantine, tout en dénonçant sa non-conformité avec le personnage. «J'ai parlé personnellement avec les autorités de Constantine et nous avons fait part de nos sentiments. En premier lieu, le visage du Cheikh ne ressemble pas à celui de la statue. Il n'y a aucune ressemblance physique, mais ce qui est pire encore, c'est le sentiment de pitié que dégage cette statue», révèle Fouzia Ben Badis. Et d'ajouter que le Cheikh, décédé à l'âge de 51 ans, paraît beaucoup plus âgé et surtout «épuisé». Selon elle, le sentiment inspiré par cette statue est celui de compassion. «Il est connu que le Cheikh forçait le respect ; il était toujours alerte et est resté dynamique jusqu'à son dernier souffle», a-t-elle insisté. Fouzia Ben Badis, affligée par cette statue installée à l'occasion de l'événement «Constantine, capitale de la culture arabe 2015», a insisté sur le fait que Cheikh Abdelhamid Ben Badis était un «homme très modeste» et n'a jamais pensé qu'un jour on lui rendrait hommage en réalisant une statue de lui. «Mais puisqu'on a décidé d'en faire ainsi, nous voulons qu'elle soit conforme, c'est tout», a-t-elle conclu. Pour rappel, depuis son installation, la statue de Ben Badis alimente la polémique à Constantine, notamment parmi les intellectuels et les artistes, qui dénoncent la façon dont l'œuvre a été conçue, commandée et importée du Portugal «dans le secret le plus total», alors que la ville et l'Algérie regorgent d'artistes et de créateurs de talent qui auraient pu réaliser une œuvre d'art à la hauteur de l'homme, 75 ans après sa mort.