Heureux épilogue pour l'histoire de la statue de Cheikh Abdelhamid Ben Badis. L'objet controversé a été déboulonné en effet dans la nuit de lundi à mardi, laissant place à un carré vide et à un grand soulagement parmi l'élite et la population qui n'avaient pas aimé l'œuvre. Elle aura duré dix jours, cette statue censée représenter l'imam qui symbolise le renouveau culturel et islamique pour beaucoup d'Algériens, mais qui s'est révélée un ratage lamentable à plusieurs titres. Dans son édition régionale du 13 avril, El Watan avait écrit que la surprise qu'on avait promise aux Constantinois s'est révélée en vérité n'être qu'une boule disproportionnée et peu valorisante pour le personnage qu'elle est censée représenter. Pour beaucoup, c'est même une insulte et du mépris pour l'homme qui symbolise l'âge d'or de la ville. La statue, placée sur la place du 1er Novembre en face du palais de la culture Mohamed Laïd El Khalifa, représente le cheikh dans cette position célèbre empruntée à une photo d'époque. La version statue n'est pas réussie, ni sur le plan des proportions ni sur celui de l'expression. La pierre lapidaire et l'aspect comprimé du corps avec des chaussures extravagantes achèvent de réduire l'œuvre en un vulgaire tas de pierres. De quoi alimenter une fièvre virale sur les réseaux sociaux et dans les médias. La famille Ben Badis n'a pas manqué de s'insurger contre la statue et demander solennellement aux autorités de l'enlever. Les autorités ont dû attendre que passe l'ouverture officielle de la manifestation «Constantine, capitale de la culture arabe 2015» pour enfin réagir. Et c'est désormais chose faite. Les Constantinois ont découvert hier que la statue n'était plus là. Cette œuvre qui, cela dit, a suscité aussi un drôle de phénomène parmi des populations peu regardantes sur les détails, et attiré des foules d'amateurs de selfies et autres pratiques pas forcément correctes. Interrogé hier à ce sujet, Hocine Ouadah, wali de Constantine, a expliqué que «cette statue ne nous a rien coûté, même pas un centime. Elle nous a été offerte par un promoteur, que nous remercions car il a fait des efforts. Mais malheureusement, il n'a pas été à la hauteur, c'est pourquoi nous avons enlevé la statue. On est démocrates et on accepte la critique. Etant donné que cela n'a pas donné de satisfaction, on a agi ainsi». Appel aux artistes De son côté, la sénatrice Fouzia Ben Badis, également nièce du fondateur de l'Association des oulémas, a salué cette décision de la wilaya. Dans un entretien téléphonique, elle nous a déclarés : «Je salue cette décision parce qu'elle répond à une requête que nous avons émise dès que nous avons pris connaissance de l'existence de cette statue et réalisé que l'objectif escompté par cette initiative n'a pas été atteint, sachant que le visage ne ressemble en rien à celui du cheikh Ben Badis et que l'expression ne ressemble en rien au sentiment que nous inspire ce personnage. Nous avons dénoncé ces failles et souhaité la reprise de cette statue.» Tout est bien qui finit bien ? Peut-être, mais aura-t-on une nouvelle statue sachant l'enthousiasme suscité par l'initiative ? C'est fort probable à en croire le wali qui a renvoyé la balle dans le camp des artistes algériens. «Espérant que nos artistes prennent l'initiative et proposent quelque chose de pertinent. La décision est entre leurs mains», a-t-il lancé hier.