Le mouvement de grève annoncé par le syndicat de l'entreprise n'a pas laissé la direction générale d'ArcelorMittal indifférente. Devant la détermination des travailleurs à passer à l'action suite à la décision du refus de la réhabilitation de la cokerie, elle divulgue son plan d'investissement pour les prochaines années. « La société ArcelorMittal Annaba a investi 123 millions de dollar, dans les premières années du partenariat entre 2001 et 2009. Elle prépare également un plan d'investissement pour la période de 2010 à 2014 de plus de 200 millions de dollars dont 30 seront réalisés dès 2010. » C'est ce qu'a déclaré hier la direction générale du complexe sidérurgique indien de Annaba en réaction à l'annonce de la grève générale et illimitée décidée par le syndicat de l'entreprise suite au refus de l'employeur d'investir dans la réhabilitation de l'unité cokerie. Comme pour démontrer la volonté de son groupe à inscrire son action d'investissement dans le temps en Algérie, la direction générale d'ArcelorMittal Annaba, représentée par Vincent Legouic, a annoncé une augmentation du budget de maintenance de 22 millions de dollars. C'est du moins ce qui ressort du contenu de son communiqué de presse rendu public hier annonçant : « Le budget de maintenance, garant de la pérennité des installations, a été augmenté de 22 millions de dollars pour l'année en cours. » Ainsi, à en croire ses chiffres, ArcelorMittal Annaba présente un agenda d'investissement moins conséquent par rapport aux années précédentes. A l'usine de Annaba, le leader mondial de l'acier liquide avait investi respectivement 35 millions et 40 millions de dollars en 2007 et 2008 contre 30 millions en 2010. En divulguant les enveloppes financières dégagées pour son plan d'investissement antécédent et son agenda des quatre prochaines années, le n°1 mondial de la production de l'acier veut, en quelque sorte, justifier sa décision réfractaire à la réhabilitation de la cokerie, vieille de plus de 30 ans. En effet, dans le même document, la direction générale d'ArcelorMittal Annaba a évoqué les raisons qui ont motivé sa décision en expliquant : « La cokerie d'El Hadjar, mise en service en 1978, a été arrêtée le 11 octobre 2009 pour des raisons de sécurité et d'environnement. Depuis, nous l'avons maintenu en chauffe pour nous donner les moyens d'explorer toutes les solutions. Des expertises ont alors été menées. Les problèmes à résoudre sont nombreux en particulier au plan environnemental. Il faut noter par ailleurs que le groupe ArcelorMittal est en capacité de sécuriser l'approvisionnement de l'usine en coke. La cokerie n'est pas au cœur du processus de fabrication de l'acier. » Effectivement, les multiples experts des groupes Zenica (Bosnie), Kokso (Pologne) et Russe qui s'y sont succédé sont tous unanimes quant à l'investissement lourd de plus de 40 millions de dollars nécessaire pour la réhabilitation de la cokerie, avec ses mesures d'accompagnement. Même le volet social qui colle indissociablement à sa décision a été abordé où la direction générale d'ArcelorMittal El Hadjar s'est engagée à réserver un traitement spécial pour les 320 charbonniers qui y activent : « En tout état de cause, la direction d'ArcelorMittal Annaba s'engage à ce que les travailleurs de la cokerie soient traités avec une attention particulière et, si nécessaire, ils seront reclassés sur le site. » Elle a réaffirmé, sa volonté de dialoguer avec les partenaires sociaux en soulignant qu'elle s'engage à revaloriser les métiers-clés de production, intégrer chaque fois que c'est possible des sous-traitants intervenant dans le process de fabrication et mettre en place des critères d'évaluation du personnel et de la gestion des carrières. C'est-à-dire qu'elle affiche son accord total sur tous les points inscrits dans la plateforme de revendications du préavis de grève du partenaire social, excepté le principal, la réhabilitation de l'unité cokerie.