Le comble pour une ville plus que doublement millénaire, qui de tout temps a le regard porté vers la mer ! Tout a commencé avec la dégradation des aménagements et l'affaissement d'une partie de l'esplanade du front de mer de la ville de Jijel, que les puristes désigneront de littoral de Bordj Echetti qui longe le boulevard Hocine Rouibah alors que d'autres demeurent attachés à l'appellation de Beaumarchais. Certes, une réaction était attendue et souhaitée, mais d'aucuns pensaient que des aménagements plus modernes et mieux mis en œuvre seront proposés pour permettre aux citoyens et aux milliers de visiteurs de profiter de ce lieu pittoresque chargé d'histoire et de souvenirs, qui court sur un millier de mètres. La proposition du bureau d'études est tombée telle une massue sur les esprits des gens qui n'arrivent pas à comprendre comment on ne peut faire le distinguo entre des aménagements et une protection. Pourquoi protection? Et quel type de protection! Il a suffit qu'une image de synthèse de la solution proposée soit mise en ligne pour que la déception jaillisse instantanément du for intérieur des amoureux de la nature. A la place de la beauté du site, de la bande rocheuse en saillie de grès numidien, il est proposé une agression en ordre avec des enrochements qui offriront un visage hideux, bien loin de refléter l'une des caractéristiques fondamentale du littoral de la ville. De quoi s'agit-il en fait? L'esplanade du front de mer nord de la ville qui part de la limite de la base navale à l'Est jusqu'à l'hôtel Nassim à l'Ouest, a enregistré des dégradations et des affaissements qui rendent risquée son exploitation particulièrement durant la saison estivale. Des aménagements non conformes Le plus profane des citoyens, aurait certainement conclu que les aménagements réalisés, il y a deux décennies, n'ont pas été faits selon les règles de l'art particulièrement pour ce qui est des assises des fondations ayant pourtant sous le sol un socle de grés et qui ne demandaient que des forages pour mettre en œuvre les fondations d'où sortiront des pilotis pour soutenir la plate-forme tout en préservant le site naturel. La dégradation des escaliers permettant d'atteindre le rivage quelques mètres en contrebas est exclusivement due à des défauts d'exécution, ces derniers n'ayant aucune structure sur laquelle s'appuyer. Etonnant ! Quant à la plate-forme avec un porte-à-faux, construite sur un remblai, avec une mauvaise protection des aciers à l'origine de l'éclatement du béton d'enrobage et une ceinture externe non solidaire aux poutres, les dégradations et les affaissements qu'elle a subi ne sont aucunement une conséquence des assauts de la mer et l'affirmer serait une pure affabulation! Au lieu d'affaissement de la plate-forme, l'œil attentif diagnostiquera aisément l'origine de cette catastrophe. Il s'agit d'un filet d'eau chargée d'eaux usées qui coule toujours sous cette partie. Il est étonnant que personne n'ait mentionné ce fil d'eau destructeur! Ce rivage était par ailleurs connu pour de nombreuses sources d'eau comme Aïn Echaara et Aïn Cherk, qui se jettent toujours dans la mer. Les enduits sur la maçonnerie d'Essour, le pan de la muraille qui partait jusqu'à Bordj Echetti, bien que se trouvant à seulement quelques mètres du rivage et datant de plusieurs siècles, sont à certains endroit, particulièrement dans la partie supérieure, encore bien conservés C'est dire qu'il ne s'agit là nullement d'un rivage en danger mais bien d'aménagements à rectifier et à moderniser. Autoriser une telle réalisation sur un rivage protégée naturellement, dont la route se trouve à une dizaine de mètres au dessus du niveau de l'eau, serait tout simplement jeter des dizaines millions de dinars à la mer pour un résultat des plus décevants! Le maintien de cette monstruosité représentera assurément la pire dégradation de la ville de Jijel.