Il suffisait que les travailleurs soient écoutés : l'amorce d'un dialogue hier entre la centrale syndicale et les représentants des travailleurs de la zone industrielle de Rouiba a quelque peu apaisé la situation. En effet, les travailleurs ont décidé de ne pas sortir manifester dans la rue en attendant les conclusions de la réunion entre leurs syndicalistes et le patron de l'UGTA qui s'est tenue hier à la Maison du peuple, à Alger, sous haute surveillance policière. Des membres des syndicats d'entreprises de la fédération de la métallurgie, mécanique et électronique, accompagnés de leurs camarades de l'union locale et de l'union territoriale de l'UGTA de Rouiba, sont allés à la rencontre des chefs de la centrale syndicale pour tenter d'élaborer un plan d'action à même d'assurer de satisfaire les revendications des travailleurs. Cependant, les travailleurs n'ont pas repris le travail préférant « attendre demain (aujourd'hui, ndlr) pour voir plus clair ». Ils ont ainsi poursuivi leur grève pour la 9e journée de suite. Ceux de la SNVI se sont réunis en assemblée générale le matin et ont chargé MM. Zetoutou et Ben Mouloud, membres du syndicat d'entreprise, de les représenter auprès des responsables supérieurs de l'UGTA. Mais les craintes de manœuvre demeurent. « Nous craignons que la centrale syndicale procède encore une fois à des manipulations juste pour briser notre mouvement. Nous n'allons pas nous laisser faire. Car s'il n'y a aucune proposition intéressante, nous n'allons pas reprendre le travail et nous réinvestirons la rue », nous ont déclaré des travailleurs que nous avons contactés hier au téléphone. Les travailleurs disent avoir fait un geste d'apaisement envers les pouvoirs publics en décidant de rester à l'intérieur de leurs usines et en libérant la route reliant Rouiba à Réghaïa, qui est demeurée fermée durant six jours suite aux marches qu'ils organisaient. « Le gouvernement et la centrale syndicale auraient pu ouvrir les portes du dialogue dès le premier jour pour éviter des pertes pour les entreprises. Dix jours de grève, c'est énorme pour des entreprises déjà en difficulté. Mais nos responsables ne soucient pas de cela », commente un autre travailleur. A souligner que les travailleurs de la SNVI disent représenter tous leurs camarades des autres entreprises de la zone de Rouiba qui les ont accompagnés dans ce mouvement de protestation. « Et s'il n'y a pas de réponse satisfaisante, nous allons reprendre l'action de rue, car les pouvoirs publics pourraient nous tromper par l'entremise de nos syndicalistes. Ils sont avertis. La suite du mouvement sera tranchée en assemblée générale. Si donc les travailleurs ne sont pas contents, il faut s'attendre à ce que la contestation continue », nous affirme-t-on. Le membre de la délégation, qui a porté les revendications des protestataires de la zone industrielle de Rouiba au Palais du peuple, quand nous l'avons interrogé sur ses propositions et sa démarche pour cette rencontre, a préféré « attendre les conclusions ». « Je ne voudrais pas anticiper. Nos revendications sont claires et elles n'admettent qu'une seule réponse : leur satisfaction », a-t-il annoncé. A rappeler que les travailleurs exigent une augmentation de salaires conséquente et le maintien du droit de partir à la retraite sans condition d'âge. Ils rejettent du coup les « décisions prises par le gouvernement sous le couvert de la dernière réunion tripartite ». Ils se souviendront toutefois que le régime a opposé la répression à leurs revendications. « Le pouvoir a préféré mobiliser la police et la gendarmerie pour réprimer notre mouvement au lieu de se montrer sensible à nos problèmes. L'Algérie d'‘‘Al aaiza oua al karama'' (l'Algérie du respect et de la dignité) n'est pas pour demain », a tenu à ajouter l'un de nos interlocuteurs.