Les syndicalistes affiliés à l'union locale de Rouiba, l'une des plus importantes de l'UGTA à l'échelle nationale, se disent déçus par ce qui est brandi comme « un acquis majeur pour les travailleurs » lors de la dernière tripartite. Les décisions de la 13e tripartite entre le gouvernement, l'UGTA et le patronat mécontentent le monde du travail. C'est de l'UGTA elle-même qu'émane la manifestation de rejet de ces conclusions. Ce seul interlocuteur du gouvernement et du patronat lors des réunions tripartites. En effet, quelque 600 syndicalistes représentant des sections affiliées à l'union locale de Rouiba de l'UGTA ont organisé hier un rassemblement devant le siège de ladite union pour dénoncer l'accord passé lors de la tripartite, début décembre. Les manifestants estiment que « la tripartite n'a rien apporté de bénéfique pour les travailleurs ». Les travailleurs constatent en effet qu'« il n'y a aucune incidence de l'augmentation du SNMG annoncée à l'issue des travaux de la tripartite ». Ils s'aperçoivent qu'« au contraire, nous perdons des avantages sur le volet des retraites ». Ce qui n'est pas de nature à les réjouir. Le secrétaire général de l'union UGTA de Rouiba, M. Messaoudi, nous a déclaré que « les travailleurs résument leurs revendications en trois points essentiels : la suppression de l'article 87 bis qui fait l'amalgame entre le salaire et le salaire de base, et qui rend toute augmentation farfelue, le maintien de la retraite proportionnelle et l'allégement de l'IRG ». Sur ce dernier point, le syndicaliste fait remarquer qu'« un simple fonctionnaire paye beaucoup plus d'impôts qu'un grand commerçant ». Les travailleurs de la zone industrielle de Rouiba se déclarent « déçus par les conclusions de la tripartite » qu'ils attendaient pourtant depuis de longs mois. « J'ai commencé à douter lorsque toutes les parties se sont déclarées satisfaites de la rencontre entre l'UGTA, le gouvernement et le patronat. Trois interlocuteurs, qui défendent chacun ses intérêts, ne peuvent pas être tous également satisfaits si ce n'était sur le dos des travailleurs », nous dit un travailleur de la SNVI. Les syndicalistes s'insurgent contre la suppression du départ à la retraite proportionnelle et réclament « l'augmentation dont devraient bénéficier 70% des travailleurs, comme l'a déclaré le Premier ministre à l'issue de la tripartite ». La déception est grande et l'atmosphère est irrespirable dans la zone industrielle de Rouiba, l'un des plus grands pôles du pays, où l'UGTA à elle seule compte plus de 15 000 adhérents. « En 2006, 15 000 travailleurs sont sortis marcher dans la rue pour les mêmes revendications », rappelle M. Messaoudi. « La loi de 1997, qui instaurait un possible départ à la retraite pour tout travailleur totalisant plus de 20 ans de cotisations à la Sécurité sociale et dépassant l'âge de 50 ans, est juste. Nous réclamons son maintien et le retrait de l'interdiction de départ à la retraite anticipée décidée par la dernière tripartite », nous dit un syndicaliste de la SNVI. La centrale syndicale est ainsi désavouée par sa propre base qui trouve que la dernière tripartite « ne profite qu'à une infime partie des travailleurs ». Car les syndicalistes affiliés à l'union locale de Rouiba, se disent déçus par ce qui est brandi comme « un acquis majeur pour les travailleurs », à savoir la « revalorisation » du SNMG. La manifestation d'hier est organisée dans le sillage de la réunion des syndicats d'entreprises, affiliés à la Fédération de la mécanique et de la métallurgie de l'UGTA, du 9 décembre dernier « à l'effet d'examiner les résultats de la tripartite », comme rapporté dans une déclaration sanctionnant cette rencontre. Les délégués des 13 entreprises représentées à cette rencontre ont, pour rappel, exprimé leur rejet des conclusions de la dernière tripartite et décidé d'organiser des manifestations de rue. Commentant la suppression du départ à la retraite proportionnelle, ils déclarent que « la décision n'arrange ni les intérêts des travailleurs ni ceux des entreprises publiques puisqu'elle a déjà commencé à provoquer un départ massif des employés vers le secteur privé ». Ceci s'explique par « le désir de profiter de la possibilité de partir en retraite proportionnelle avant l'entrée en vigueur des nouvelles dispositions législatives ». Les travailleurs disent s'inquiéter pour l'avenir des entreprises publiques. Car les représentants des 13 syndicats d'entreprises représentés à la réunion du 9 décembre courant, dont ceux de la SNVI, Anabib, BTK Tiaret, Eniem, ENMTP et German, écrivent dans leur déclaration que « seule une infime partie des travailleurs est concernée par l'augmentation du SNMG à 15 000 DA ». « Tant que l'article l87 bis est maintenu, le SNMG ne sera favorable et n'arrangera que les cadres dirigeants dont les salaires sont indexés sur le SNMG3. » Le SG de l'union locale de Rouiba de l'UGTA a dénoncé l'amalgame auquel se prêtent certains responsables et « la confusion entre la retraite anticipée dictée par le FMI durant les années 1990, la retraite proportionnelle qui se fait à la demande du travailleur et la retraite sans condition d'âge qui intervient après 32 ans de service ». « Au lieu d'interdire le départ en retraite proportionnelle, il fallait plutôt s'intéresser aux cadres dirigeants des SGP, dont le plus jeune a 70 ans, qui continuent à travailler avec un cumul de pension de retraite et d'un salaire », nous a déclaré M. Messaoudi. A rappeler que la Fédération de la mécanique et de la métallurgie de l'UGTA a décidé d'organiser un rassemblement de l'ensemble des syndicats du secteur, le 20 décembre courant à 10h, devant le siège de la centrale syndicale.