Près de deux jours après le séisme de 7,3 qui a frappé Haïti, aucun bilan précis du nombre de victimes n'a encore pu être établi. Alors que le Premier ministre de l'île, Jean-Max Bellerive, redoute un bilan « bien au-dessus des 100 000 morts », la Croix-Rouge haïtienne estime, elle, que le séisme de mardi a fait entre 45 000 et 50 000 victimes, ainsi que trois millions de blessés ou de sans-abri. Avec 36 morts et près de 200 disparus, l'ONU vit sa pire tragédie. Depuis la catastrophe, la communauté internationale s'est mobilisée pour débloquer des fonds, rechercher d'éventuels survivants et fournir au plus vite eau, vivres, abris, soins et médicaments à des Haïtiens désemparés, dans une capitale en ruines dont les infrastructures sont réduites à néant. « Une aide humanitaire massive doit arriver dès que possible si l'on veut sauver un maximum de vies, la période devenant critique 36 heures après le séisme », a déclaré Olivier Bernard, président de l'ONG française Médecins du Monde. L'Organisation internationale pour les migrations a commencé hier à distribuer de l'aide, en coordination avec le Programme alimentaire mondial. Le président Barack Obama a annoncé jeudi qu'il mettait toute la puissance des Etats-Unis au service d'Haïti et qu'il allait immédiatement débloquer une aide de 100 millions de dollars. Les Etats-Unis ont envoyé une aide massive, notamment un porte-avions et de nombreux bâtiments. Mais le port, situé dans la partie la plus touchée de la capitale haïtienne, n'est pas opérationnel puisque ses trois grues ont toutes été détruites. Le quai est aussi gravement endommagé, ce qui devrait gêner les bâtiments de guerre américains dépêchés sur place pour apporter des secours d'approcher. Le Pentagone a ordonné le déploiement d'une brigade de 3 500 soldats américains pour participer aux efforts humanitaires et aider à maintenir la sécurité. Le Fonds monétaire international a annoncé qu'il allait fournir « très rapidement » une aide de 100 millions de dollars. Le Groupe de Rio, organisme régional groupant 24 pays latino-américains, a aussi appelé la communauté internationale à une aide d'urgence. La Banque mondiale s'est engagée à débloquer 100 millions de dollars supplémentaires pour Haïti et la Banque interaméricaine de développement devrait suivre. Le Comité international de la Croix-Rouge devait envoyer jeudi 40 tonnes de médicaments et de kits médicaux. Quelque 75 sauveteurs britanniques, accompagnés de chiens et de 10 tonnes d'équipement, ont atterri jeudi en République dominicaine voisine et devaient se rendre rapidement à Port-au-Prince. Des sauveteurs français, canadiens, vénézuéliens et chiliens, accompagnés de chiens et de tonnes de matériel, étaient aussi attendus. La France a dépêché mercredi trois avions de transport militaire, puis un Airbus A310 et compte envoyer deux navires de guerre, dont l'un sera doté d'équipements chirurgicaux. Pendant ce temps, Haïti compte ses morts. Lentement, des centaines de cadavres entassés à même le sol de l'hôpital central de Port-au-Prince tombent en putréfaction. Impuissants, les blessés implorent les médecins débordés de les soigner. Sans gants, munis de lingettes trempées d'alcool pour se protéger de la puanteur, des Haïtiens observent, cherchent un proche, un ami, parmi ces monticules de cadavres mutilés, d'où dépassent des bras, des jambes. Le tremblement de terre a tellement endommagé l'hôpital central de Port-au-Prince qu'aucun de ses services ne fonctionne. Il n'est pas le seul à être hors service. Les agences humanitaires sont confrontées à un défi logistique majeur puisque la tour de contrôle de l'aéroport ne fonctionne pas. Mais l'espace aérien haïtien est saturé et le gouvernement a demandé aux Etats-Unis et à d'autres pays de ne plus autoriser pour le moment de vols vers Port-au-Prince.