Alors que l'aide internationale commence à parvenir à Haïti mais peine à s'organiser face à l'étendue des dégâts, le bilan des victimes du séisme ne cesse de s'alourdir, le ministre haïtien de l'Intérieur parlant de 100.000 à 200.000 morts au total. Un décompte précis des victimes est pour l'instant impossible, mais tous les chiffres fournis pointent vers une catastrophe gigantesque, et d'ores et déjà, 50.000 cadavres ont été comptabilisés et ramassés, selon le ministre de l'Intérieur Paul Antoine Bien-Aimé. Les autorités haïtiennes ont annoncé avoir déjà enterré 40.000 cadavres et pensent que 100.000 autres personnes ont perdu la vie dans le tremblement terre de magnitude 7 qui a frappé mardi à proximité de la capitale, Port-au-Prince. Les trois quarts de la capitale Port-au-Prince devront être reconstruits, a dit à Reuters le ministre de la Santé, Alex Larsen. Le président René Préval a pour sa part comparé la situation de son pays à celle d'une guerre. Trois jours après le séisme, des bandes de pillards ont commencé à s'organiser et à s'en prendre à des survivants qui occupent des abris de fortune sur les trottoirs et dans les rues de la capitale. Le désespoir se transforme en violence et cette évolution commence à sérieusement inquiéter les autorités. Pillages et braquages ajoutaient à l'angoisse et au désespoir samedi des survivants quatre jours après le séisme qui a ravagé Haïti, alors que les troupes américaines ont commencé à distribuer des tonnes d'aide à une population au comble du dénuement. Les sinistrés réclament de l'eau et de la nourriture au milieu des ruines, de la violence et de la puanteur des cadavres, rendue encore plus insoutenable par la chaleur tropicale. Une avant-garde des quelque 10.000 soldats américains qui doivent être déployés à Haïti, a pris le contrôle de l'aéroport de Port-au-Prince, encombré de tonnes de colis d'aide qui commencent à être distribués. Quelque 4.200 militaires américains sont arrivés et 6.300 autres doivent les rejoindre d'ici lundi alors que Washington a déjà débloqué une première tranche de 100 millions de dollars d'assistance. "Tant que les gens auront faim et soif, tant que nous n'auront pas réglé le problème des sans-abri, nous courrons le risque d'émeutes", a averti le ministre brésilien de la Défense, Nelson Jobim, après une visite à Port-au-Prince. La population a besoin de denrées alimentaires mais ce sont l'eau potable et les antibiotiques qui font le plus cruellement défaut dans l'immédiat, ont estimé des experts médicaux. Totalement débordées par la situation, les autorités haïtiennes comptent sur l'assistance internationale et le gouvernement a accepté de céder temporairement le contrôle du principal aéroport du pays aux Etats-Unis afin de faciliter l'acheminement des secours. "Le Premier ministre (Jean-Max) Bellerive a signé un accord de principe accordant le contrôle de l'aéroport aux Etats-Unis", a déclaré lors d'un point de presse P.J. Crowley, porte-parole du département d'Etat. "Evidemment, nous assumerons cette responsabilité aussi longtemps qu'il le faudra et jusqu'à ce que le gouvernement haïtien soit prêt à s'en charger à nouveau". Environ un millier de soldats américains se trouvaient sur place vendredi et entre 9.000 et 10.000 sont attendus d'ici lundi. Très mobilisés depuis le début de la catastrophe, les Américains jouent un rôle moteur dans la gestion de cette crise. La secrétaire d'Etat Hillary Clinton est attendue à Haïti ce samedi tandis que le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, devrait arriver demain dimanche pour évaluer les besoins et l'étendue des dégâts. L'administration Obama, qui a promis une aide de 100 millions de dollars, a assoupli les conditions de résidence des Haïtien vivant illégalement sur le sol américain, les autorisant à rester pour une période de 18 mois. Le département de la Sécurité nationale a accordé vendredi un "statut protégé provisoire" à tous les Haïtiens entrés dans le pays avant le 12 janvier. De son côté, l'Onu a lancé un appel d'urgence à tous ses membres pour lever 562 millions de dollars, dont près de la moitié serait utilisée pour l'achat de denrées alimentaires, a précisé John Holmes, chef des opérations humanitaires aux Nations unies. D'autres appels ont également été lancés pour que la communauté internationale accepte d'annuler la dette d'Haïti, l'un des pays les plus pauvres du monde, et de l'aider ainsi dans ses efforts de reconstruction.