Evoquant les suites du match Algérie - Egypte de novembre dernier, Jean-Claude Gaudin a parlé de « 15 000 musulmans qui ont déferlé » dans le centre-ville de Marseille. Selon Rue 89, ces propos, le vice-président de l'UMP et maire de Marseille les aurait tenus dans l'après-midi, à l'occasion d'une réunion organisée par son parti dans les salons d'honneur du stade Vélodrome et portaient sur le thème de l'identité nationale. Des propos qui ont suffisamment choqué certains, selon Rue 89, dont un militant UMP d'origine algérienne. « Je compromets peut-être mon avenir politique en vous le disant publiquement, mais vous nous avez blessés, ma famille et les 200 000 musulmans qui vivent à Marseille. J'espère vraiment que ce n'était qu'un dérapage. » Une autre invitée, enseignante en histoire-géographie, s'est déclarée « vraiment heurtée par les propos que je cite : il a dit (Jean-Claude Gaudin), à propos de la célébration de la victoire algérienne : ‘‘15 à 20 000 musulmans ont déferlé dans les rues de Marseille.'' En tant qu'enseignante, ce langage me rappelle la période coloniale. Il s'agissait de 15 à 20 000 Franco-Algériens, pas de musulmans ». « Lorsqu'il y a un match de foot où l'Algérie gagne et où ceux d'origine algérienne ou de confession musulmane veulent faire la fête, nous sommes très heureux qu'ils la fassent. J'aurais simplement aimé que sur la Canebière, lorsqu'il y a eu 15 000 personnes, où il y a eu une multitude de drapeaux algériens, qu'il y ait eu aussi quelques drapeaux français parce que la France est généreuse », s'est justifié Jean-Claude Gaudin. Et d'ajouter : « vous n'avez pas très bien compris ni assimilé ce que je dis. Depuis quinze ans que je suis maire, l'étranger est accueilli avec un E majuscule. Je fais tout pour que la ville soit unie et soudée et je n'accepte pas ce genre de propos. Peut-être me suis-je mal exprimé, mais si je me suis mal exprimé, j'ai rétabli maintenant la vérité. Allez, terminé ! » A droite, les dérapages verbaux sont plus nombreux que ne veut bien le reconnaître le ministre de l'immigration, de l'identité nationale et du co-développement, Eric Besson, depuis qu'il a lancé, en novembre dernier, le débat sur l'identité nationale, n'en finit pas de diviser la classe politique, y compris à droite, traversée par un malaise certain et des interrogations. La gauche estime que le débat sur l'identité nationale a donné lieu à des dérapages racistes de personnalités et qu'il s'est focalisé sur les musulmans. La secrétaire d'Etat à la Famille UMP, Nadine Morano, avait suscité une première polémique, le 14 décembre, en estimant que « les jeunes musulmans devaient trouver un travail, ne pas parler le verlan et éviter de porter des casquettes à l'envers ». Jusqu'à sa clôture à la fin du mois, ce débat aura été riche en rebondissements, à l'exemple de la défection de l'euro-député socialiste, Vincent Peillon, invité pour porter la contradiction au ministre de l'immigration, Eric Besson, jeudi soir, dans l'émission « A vous de juger » d'Arlette Chabot. La vice-présidente du Front national, Marine Le Pen, était également invitée à débattre avec le ministre de l'immigration. « J'ai décidé de ne pas participer au débat d'indignité nationale, organisé ce jeudi soir sur France 2 », écrivait Vincent Peillon. C'est à l'antenne qu'Arlette Chabot, qui a pris connaissance du communiqué de son invité socialiste, a dénoncé un « coup d'éclat regrettable ». Vincent Peillon s'en est expliqué dans les médias : « J'avais pris ma décision depuis plusieurs jours. C'était préparé avec quelques-uns. Je voulais qu'il y ait un incident. Il fallait que ça fasse un peu scandale. Je ne voulais pas qu'ils se rabattent sur un autre socialiste. La France doit s'arrêter de s'enfoncer dans la terreur. Eric Besson est en train de nous faire une catastrophe. »… « Ils ont voulu faire cautionner, par un socialiste, un débat qui n'est même pas un débat entre l'UMP et le FN, mais un débat entre Eric Besson et le FN. Il ne faut pas confondre Eric Besson et la droite républicaine. Les trois derniers Premiers ministres de droite, Alain Juppé, Jean-Pierre Raffarin et Dominique de Villepin, ont tous trois demandé à ce que s'arrête ce débat xénophobe et raciste. »