Au-delà de l'inauguration de la fontaine de l'Espérance, censée représenter « l'amitié algéro-française », la visite du maire de Marseille à Alger semble relever du calcul politique. Les villes d'Alger et de Marseille sont intimement liées sur le plan économique, politique et ethnique. A première vue, la visite du maire de Marseille est des plus amicales. Jean-Claude Gaudin a ainsi inauguré la fontaine de l'Espérance à Bab El Oued, aux côtés du ministre de l'Environnement, Chérif Rahmani, et lancé l'idée d'un match entre l'Olympique de Marseille et le Mouloudia d'Alger. A y voir de plus près, il apparaît que la visite du maire de la cité phocéenne est une occasion de « parler affaires » et de débattre sur un certain nombre de problèmes qui concernent les pays des deux rives de la Méditerranée. Le fait est que la loi de finances complémentaire a eu des retombées désastreuses sur les activités du port de Marseille, faisant chuter les importations à près de 40%. Les bassins marseillais du grand port de Marseille-Fos ont vu leur trafic avec l'Algérie divisé par deux, alors que les ventes de matériels de chantiers d'occasion auraient disparu. Les entreprises portuaires et des PME de la région PACA ainsi que les élus de Marseille ont demandé à voir le président algérien pour exposer leurs problèmes. Insistant sur ses liens d'amitié avec le président Bouteflika, le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, avait émis le souhait « d'un peu plus de souplesse » dans les mesures de paiement imposées par Alger. La France a suggéré, notamment un partenariat portuaire avec l'Algérie. Accompagné d'une délégation de chefs d'entreprise, Jean-Claude Gaudin a affirmé, lors de sa visite à Alger, son ambition de « relancer » les échanges commerciaux entre les deux villes. Parmi les discussions qu'il a tenues avec son interlocuteur, le wali d'Alger, figure notamment le troisième partenariat pour la réfection de la basilique Notre-Dame d'Afrique. Estimés à 5 millions d'euros, les travaux ont été retardés pour des causes encore floues. La ville de Marseille, le département des Bouches-du-Rhône et la région PACA ont participé à hauteur de 25% en apportant chacun 440 000 euros, soit 1,32 million d'euros. Le maire de Marseille songe également à la création d'un groupe de travail entre les deux ports pour fluidifier le trafic, les projets à « connotation algérienne » pour Marseille 2013 et la création de la Maison Marseille Provence pour aider les petite et moyenne entreprises (PME) et les très petites entreprises (TPE). « Nous consoliderons les relations entre deux pays qui partagent beaucoup de choses », a déclaré M. Gaudin, sur fond de malaise diplomatique entre Alger et Paris. Le sénateur de l'Ump – parti de Nicolas Sarkozy – devait rencontrer d'influents membres du gouvernement algérien. Si le fait de vouloir sauver l'activité commerciale du port de Marseille-Fos peut être louable, les propos tenus par le maire de la cité phocéenne, en plein débat sur l'identité nationale française, tiennent à la dérive raciste. « Nous nous réjouissons que les musulmans soient heureux du match, sauf que quand après ils déferlent à 15 000 ou à 20 000 sur la Canebière, il n'y a que le drapeau algérien et il n'y a pas le drapeau français, cela ne nous plaît pas », a-t-il dit. Les villes d'Alger et de Marseille ont signé le 28 juin 1980 une convention d'amitié et de collaboration, qui a été gelée après la dissolution du gouvernorat du Grand-Alger, puis réactivée en novembre 1999.