Quand un scandale éclate dans un pays démocratique, on se dit que la corruption existe mais que, heureusement, il y a une justice qui enquête, juge et sévit. En Algérie ou dans un pays similaire, là où la justice n'est souvent que fonction anatomique, bras vengeur d'un appareil digestif, on se dit que c'est un règlement de comptes. L'Angola ? Comme pour les affaires de l'autoroute Est-Ouest ou de Sonatrach, tout le monde se dit que ceux qui sont inculpés ne sont pas les bons, ou plutôt les mauvais, et pourquoi il a fallu attendre autant de temps pour les sanctionner. Alors que ce n'est peut-être pas vrai, les voleurs sont probablement ceux qui ont les mains pleines de taches de pétrole, comme aurait dit l'inspecteur Mergou. L'Angola est un pays du sud-ouest de l'Afrique, limitrophe de la République démocratique du Congo, de la Namibie et de la Zambie. Doit-on rappeler à nos amis angolais que la crédibilité reste à la base de la confiance ? La justice algérienne n'est pas crédible, pas plus que Sonatrach, la plus grosse société étatique du pays, celle qui assure la semoule, l'huile et le sucre à tout le monde et qui a perdu à ce point toute confiance aux yeux de l'opinion nationale et des partenaires internationaux qu'il faille la décapiter en mettant sous contrôle judiciaire non seulement son PDG, mais toute l'équipe dirigeante. Ancienne colonie portugaise, l'Angola fait 1,2 million de kilomètres carrés, ce qui veut dire qu'elle est plus petite que l'Algérie. Mais pour Sonatrach, qui vient de voir son statut passer de compagnie pétrolière à association de malfaiteurs, le mal est profond, même si l'Angola possède 2771 kilomètres de voies ferrées et 172 000 utilisateurs d'Internet. Aujourd'hui, aucun responsable n'a encore mesuré la profondeur du scandale Sonatrach. Peut-être parce qu'aujourd'hui, l'Algérie joue un match capital contre l'Angola.