Il est actuellement de plus en plus abordé sous l'angle de l'art contemporain. Mardi dernier, par exemple, l'Institut des Cultures d'Islam organisait à Paris une rencontre qui portait notamment sur «l'influence des arts de l'islam sur les grands maîtres occidentaux» et se proposait de réfléchir sur la manière dont «la création contemporaine ré-interroge les terminologies conventionnellement acquises» face «aux images et aux clichés sur l'islam». De nombreuses manifestations culturelles et rencontres dans le monde sont consacrés à l'art contemporain islamique et les publications se sont multipliées, comme par exemple la revue en ligne Islamic Arts Magazine qui justifie, entre autres, sa mission dans «la tendance confirmée par la création de nombreux musées et galeries qui présente l'art contemporain musulman». Dans un article remarquable intitulé «Analyse topique d'une caractérisation artistique» (Images re-Vues, n°1, 2015), Monia Abdallah, qui prépare une thèse sur l'art contemporain islamique, confirme ce phénomène, soulignant la multiplicité de ses dénominations : «Contemporary Art from the Islamic World, Modern Islamic Art, Arab-Islamic Art, etc». Elle situe même son émergence (ou son apparition) : «L'année 1989 marque un moment historique avec la tenue au Barbican Centre de Londres de l'exposition Contemporary Art from the Islamic World. Cette exposition apparaît comme un événement majeur». Elle montre comment, dans le monde arabe, la calligraphie a servi de base à ce courant à travers la Hurufiyya (lettrisme) dont les tenants, les hurrufiyin, se sont distingués ainsi des khattatoun, calligraphes traditionnels. Elle s'interroge enfin sur les motivations et démarches différentes qui se logent sous l'expression commune d'art contemporain islamique.