Arborant des banderoles et des pancartes sur lesquelles sont inscrits différents slogans dénonçant «le terrorisme» et appelant à «l'instauration de la paix dans la région», des jeunes et des moins jeunes ont sillonné, dans la matinée d'hier, les rues de la capitale avant d'atterrir à la maison de la presse, où ils ont tenu un impressionnant rassemblement. En effet, les protestataires, qui ont tous fermé leurs commerces dans la capitale en signe de protestation contre la passivité des autorités qui n'ont rien fait pour éviter le drame d'hier (22 morts et des centaines de blessés), ont voulu se rassembler, d'abord devant la Grande-Poste, à Alger-Centre. Mais ils en ont été empêchés par les agents de police dépêchés en force sur les lieux. Ils ont dû, alors, descendre à pied vers Tafourah, avant de rejoindre la place du 1er Mai (ex-Champ de manœuvres). C'est de là qu'ils ont rejoint, dans une marche improvisée, le siège de la maison de la presse pour y tenir, après négociation avec les responsables de la police, leur sit-in, durant lequel plusieurs slogans ont été scandés : «At M'zab chouhada», «Imazighen !», «Non au terrorisme». D'autres slogans ont été transcrits sur les différentes pancartes et banderoles brandies par les jeunes manifestants : «Le peuple veut la paix à Ghardaïa», «Nous voulons une intervention rapide de l'armée», «Nous voulons une application de la loi» et «Je suis Ghardaïa !». «Qui profite de la destruction de Ghardaïa ?» Pendant plus de deux heures, les manifestants n'ont pas cessé d'exprimer leur colère devant l'absence totale d'une volonté politique pour résoudre cette crise. «Nous tirons la sonnette d'alarme depuis une année. Mais rien n'est fait pour régler ce conflit. Ce n'est pas seulement un conflit communautaire, comme tentent de le présenter certains. C'est du terrorisme encouragé par l'absence de l'Etat», souligne Cherifi Daoud, membre de l'instance de suivi et de la crise de Ghardaïa, présent lors de ce rassemblement. La violence, ajoute-t-il, ne cesse de se développer pour atteindre des proportions alarmantes. «Aujourd'hui, les armes sont utilisées. Le conflit a atteint le point de non-retour. Il y a aussi certains journaux qui sèment la haine dans la région», indique-t-il. Pour lui, il suffit, pour régler le problème, de donner une instruction aux services de sécurité au niveau local pour mettre fin à ce problème. «Notre rassemblement d'aujourd'hui a pour objectif d'alerter l'opinion publique sur la situation dans la région de Ghardaïa. Car du côté du pouvoir, nous n'attendons rien», souligne-t-il. Intervenant devant la foulée, un des organisateurs de l'action d'hier, précise que ce rassemblement a pour but d'interpeller les autorités, à leur tête le président de la République pour «déclarer Ghardaïa zone sinistrée» et «demander une intervention rapide de l'armée, comme seul et unique service de sécurité fiable»…