Un terroriste notoire, Mourad Gharsalli, figure parmi les tués. Pour la deuxième fois en trois mois, la katiba Okba Ibn Nafaâ, branche tunisienne de l'AQMI, subit un revers cuisant en perdant cinq de ses éléments, dont sa tête pensante Mourad Gharsalli. L'embuscade a été tendue pendant la nuit de jeudi à vendredi dans la région d'El Guettar, près de Gafsa. Les informations en provenance de la région parlent également de deux blessés parmi le groupe, dont les membres se sont enfuis. Quatre armes de type kalachnikov ont été saisies, ainsi qu'une arme de type Steyr, une grenade manuelle et un pistolet. Les renseignements selon l'entourage de l'opération parlent de l'interception, il y a un mois, d'une communication téléphonique, entre des terroristes, signalant «l'ouverture d'une boutique à Gafsa». Cela voulait dire, en termes de message codé, «l'installation d'un maquis sur les hauteurs de Jebel Orbat à Gafsa». Du coup, les unités spéciales s'étaient mises à contrôler les mouvements du mont Selloum à Kasserine, vers les montagnes de Gafsa. Une centaine d'agents étaient impliqués dans cette opération, qui a abouti à l'embuscade d'avant-hier. Anéantissement de la katiba La mort de Mourad Gharsalli constitue un bon point à l'actif des forces sécuritaires en Tunisie. Le dangereux terroriste était impliqué dans plusieurs attentats, dont l'assassinat du membre de la Garde nationale, Anis Jelassi, le 10 décembre 2012 à Fériana ; l'opération terroriste à HenchirTella au mont Chaâmbi en juillet 2013 qui a causé la mort de huit soldats ; l'attaque du domicile de l'ancien ministre de l'Intérieur, Lotfi Ben Jeddou, le 27 mai 2014 et l'attaque du 18 février dernier à Boulâaba, près de Kasserine, qui a coûté la vie à quatre membres de la Garde nationale. Ce revers de la katiba terroriste, Okba Ibn Nafaâ, survient un peu plus de trois mois après l'embuscade de Sidi Yaïche, tendue le 29 mars dernier, qui a vu la mort de neuf terroristes, dont le chef de la katiba, l'Algérien Lokman Abou Sakhr et ses principaux lieutenants. Ainsi, la branche tunisienne de l'AQMI est sérieusement diminuée, comme le prouve l'intention de ses membres de se déplacer des monts de Kasserine vers ceux de Gafsa. «Les terroristes ne parviennent plus à résister aux coups de boutoir de l'armée, qui multiplie les bombardements et pratique un ratissage systématique sur les monts Chaâmbi de Kasserine», selon le général-major à la retraite, Mokhtar Ben Nasr. «L'élargissement de la zone militaire fermée autour de la montagne a considérablement limité l'approvisionnement des terroristes en vivres», poursuit-il. «D'où cette fuite vers les montagnes de Gafsa à la recherche de nouveaux soutiens», conclut l'ex-porte-parole du ministère de la Défense. Le choix de Gafsa s'explique également, selon le ministre Lazhar Akermi, originaire de cette région, par le fait que Jebel Orbat est un lieu fétiche des maquisards en Tunisie. «Ces hauteurs ont été utilisées par les combattants pour l'indépendance nationale contre l'armée française entre 1952 et 1955. Elles ont également servi lors de l'attaque de Gafsa le 27 janvier 1980», explique-t-il. L'AQMI a certes subi un nouveau revers en Tunisie. Mais la menace terroriste est encore là, si l'on se rappelle que près de 3000 Tunisiens combattent dans les rangs de multiples groupes terroristes à travers le monde, notamment en Syrie et en Libye.