A l'origine de cette «revendication», l'interdiction faite à un député de l'ex-parti unique d'accéder à la «zone verte» du régime. Pour donner du crédit à leur démarche, ils demandent également l'ouverture des plages de Moretti au grand public, comme ce fut le cas durant les années d'avant le terrorisme. «Nous sommes en effet en train de recueillir des signatures de la part des députés pour mettre en place une commission d'enquête parlementaire afin de faire la lumière sur la gestion des résidences d'Etat. Nous voulons, à travers notre initiative, recenser l'ensemble des infrastructures dépendant de ces résidences, parce que nous ne savons pas en fait combien il y en a», a déclaré le député Lyes Saâdi dans une interview au site électronique TSA. La résidence d'Etat, qui connaît une extension, est gérée par une Etablissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) sur lequel trône l'indéboulonnable Hamid Melzi, en poste depuis 1997. Il est devenu l'homme à tout faire pour les dignitaires du système, ce qui a valu le sobriquet de «majordome du régime». Du fait de sa proximité avec les milieux du pouvoir, il en a fait presque une «propriété privée». Tous les scandales qui ont secoué sa gestion n'ont pas eu raison de lui. L'homme serait intouchable. Maître des lieux, il est le mieux informé des affaires «privées» des dignitaires du régime. Ceux qui le connaissent disent de lui qu'il «sait entretenir les enfants des personnages influents». La présidence de la République n'hésite pas à mettre la main dans les caisses du Trésor public pour arroser ce jardin en décrépitude. Pour l'exercice 2014, Bouteflika avait signé un décret présidentiel portant allocation d'un crédit de 1,5 milliard de dinars, (10 millions d'euros) destiné à la résidence d'Etat du Sahel (Club des Pins et Moretti), applicable au budget de fonctionnement des services du Premier ministre et au chapitre n° 44-01 «Contribution à la résidence d'Etat du Sahel». Le député du FLN a fait savoir que le Premier ministre sera saisi officiellement. Abdelmalek Sellal voudra-t-il s'intéresser à la gestion opaque de la résidence d'Etat ? Pas si évident, d'autant que le chef des lieux a eu le «privilège» de superviser la réalisation d'un centre international de conférences confié au constructeur chinois China State Construction Engineering Corporation, une compagnie qui a pu obtenir des marchés dans les grands travaux en Algérie dans des conditions pour le moins discutables. Haut lieu de l'extravagance, où se tiennent des réunions clandestines des dignitaires de la «République», la résidence d'Etat incarne l'état d'un pays à la dérive. Elle concentre toutes les tares et les folies d'un régime assis sur un énorme matelas financier, mais qui commence à se rétrécir. Sollicité pour donner sa version des faits, Hamid Melzi était injoignable. Tout comme les services du Premier ministère.