L'enquête ouverte sur les conditions d'octroi du marché de l'autoroute Est-Ouest, qui a déjà abouti à l'arrestation, entre autres, du secrétaire général du ministère des Travaux publics, d'un colonel du DRS et de plusieurs responsables du département géré par Amar Ghoul, avance à grands pas. Les premières conclusions montrent que le réseau de corruption qui sous-tend le chantier de l'autoroute est tellement vaste qu'il devrait éclabousser encore d'autres personnalités politiques importantes en plus de celles déjà citées par la presse. Quoi qu'il en soit, l'affaire de l'autoroute Est-Ouest montre déjà que le scandale n'aurait pas été possible si des personnages clés au pouvoir n'avaient pas été complices. Les dépositions faites par les uns et les autres font plus qu'attester cet état de fait. Selon des sources proches du dossier, la justice s'intéresse actuellement au rôle joué dans l'affaire par un certain Kouidri Tayeb, connu sur la place d'Alger pour avoir été durant plusieurs année l'expert financier et judiciaire attitré de plusieurs institutions publiques importantes. Kouidri Tayeb que nos sources présentent comme un proche de Chani Mejdoud, l'homme d'affaires algérien installé au Luxembourg, arrêté récemment par les services de sécurité dans le cadre de la même affaire, est fortement soupçonné d'être en réalité l'une des têtes pensantes de l'impressionnant système de pots-de-vin qui s'est greffé sur le projet de l'autoroute Est-Ouest pour lequel l'Etat a consacré une enveloppe de près de 12 milliards de dollars. Nos sources précisent que cet expert financier qui s'enorgueillissait, il y a peu encore, d'avoir ses entrées dans les salons les plus fermés d'Alger et les capacités de régler n'importe quelle affaire en un tour de main « a fui le pays grâce à certaines complicités au moment même où son nom commençait à revenir comme un leitmotiv dans l'enquête sur l'autoroute Est-Ouest ». Il aurait rejoint subito presto son fils établi en Suisse actuellement à la tête d'un bureau de consulting financier. Celui-ci a également des ennuis avec la justice puisqu'il est poursuivi dans le cadre de l'affaire Khalifa. Kouidri fils a, dit-on, notamment pour rôle de placer dans les banques suisses une partie des pots-de-vin prélevés sur les marchés de l'autoroute Est-Ouest. Avant de se faire une place au soleil à Alger en qualité de conseiller financier et judiciaire de certains décideurs, il y a lieu de rappeler que Kouidri Tayeb a, durant la fin des années 1980, géré, en qualité de DG, l'Office national de l'hydraulique, un organisme rattaché alors au ministère de l'Agriculture. Son passage à la tête de cet office restera un point noir dans sa carrière puisqu'il finira par être accusé de détournement. Kouidri Tayeb sera d'ailleurs condamné à 16 ans de prison à l'issue du procès qui a été intenté à l'époque contre lui. Néanmoins, il n'en fera que 10. Fort de ses amitiés au sein de certains cercles au pouvoir, M. Kouidri n'éprouvera toutefois aucune difficulté à se refaire une virginité. La preuve, jusqu'à il y a peu de temps encore, il a souvent été invité à donner son point de vue de spécialiste sur certaines grandes affaires financières. Certaines sources, bien informées, assurent même que M. Kouidri a eu, entre autres, à gérer l'affaire de la CA Bank.