Les scandales du chantier de l'autoroute est-ouest Plus d'un mois après la mise sous mandat de dépôt du secrétaire général du ministère des Travaux publics, Mohamed Bouchama, du directeur de la planification du ministère des Transports, M. Hamdane, de trois intermédiaires de sociétés étrangères et de deux jeunes qui font dans le change parallèle à Hydra (Alger), le juge d'instruction près le tribunal de Sidi M'hamed vient d'inculper le chef de cabinet de Amar Ghoul et son homme de confiance. Placé sous contrôle judiciaire, Ferachi Belkacem est poursuivi pour les mêmes chefs d'inculpation retenus contre le secrétaire général et qui lui ont valu la mise sous mandat de dépôt. L'instruction autour de ce qui est qualifié de la plus grande affaire de corruption impliquant aussi bien des personnalités politiques que militaires avance à pas de fourmi. Les résultats auxquels est arrivée l'enquête préliminaire menée par les officiers de la police judiciaire du Département du renseignement et de la sécurité (DRS) n'ont pas tellement évolué en dépit des noms de hautes personnalités citées dans le dossier. Même filtrés, ces résultats montrent à quel point la corruption ronge les institutions de l'Etat et comment des lobbys étrangers, notamment français, aidés par de hauts responsables de l'Etat, sont devenus les dépositaires du marché algérien. De hauts cadres de l'Etat sont soudoyés à coups de commissions par des sociétés chinoises, espagnoles, italiennes et françaises afin de les aider à obtenir les marchés de réalisation du tramway, d'autoroutes et de barrages. Un vrai panier de crabes où se mêlent l'espionnage économique, le trafic d'influence, la corruption et les passe-droits. Plusieurs personnalités importantes ont été citées dans ce dossier, parmi elles Mohamed Bedjaoui (ancien ministre des Affaires étrangères), Chakib Khelil (ministre de l'Energie), Abdellatif Benachenhou (ex-ministre des Finances), des officiers supérieurs des services de sécurité comme le colonel Khaled (conseiller du ministre de la Justice), deux autres colonels et un général à la retraite, en passant par le chef de cabinet et homme de confiance de Amar Ghoul, son secrétaire général, le directeur général de l'Agence nationale des autoroutes et le directeur de la planification au ministère des Transports. De tout ce beau monde, seuls le secrétaire général des Travaux publics et le directeur de la planification des Transports sont sous mandat de dépôt alors que le chef de cabinet est inculpé. Pourtant, ces grands marchés passent par des commissions nationales présidées par les ministres des secteurs concernés. Mieux encore, ils font partie des grands projets que le président de la République suit avec attention de par leur importance dans la réussite de ses mandats. De ce fait, s'il y a corruption et il y en a elle ne peut se limiter uniquement aux cadres mis en cause. Dans le cas du scandale lié au marché de réalisation de l'autoroute Est-Ouest, la responsabilité incombe d'abord à Amar Ghoul en tant que ministre et président de la commission nationale des marchés, mais également, en tant que haut cadre du MSP, un parti de l'Alliance présidentielle, éclaboussé par des scandales en cascade. Telle qu'elle se présente aujourd'hui et sans préjuger du cours de l'instruction, il y a comme une volonté délibérée (ou non) de limiter les responsabilités de cette grave affaire aux seuls cadres incriminés. Tout comme on veut faire croire à l'opinion publique que dans le dossier des marchés des tramways, la corruption s'arrête au niveau directeur de la planification et que dans celui de la réalisation des barrages, personne n'est responsable. Le juge d'instruction est aujourd'hui devant une deuxième affaire Khalifa. Saura-t-il démêler l'écheveau en convoquant toutes les personnalités citées lors de l'enquête préliminaires et aller très loin à la recherche de la vérité ou se limitera-t-il à consolider l'idée de l'acte isolé qui se profile ? Une lourde question qui interpelle la justice algérienne…