«Nous sommes face à un coup d'Etat civil», a lancé le président du parti social-démocrate (CHP), Kemal Kiliçdaroglu, dans une allusion aux trois coups d'Etat militaires qui ont émaillé l'histoire récente de la Turquie (en 1960, 1971 et 1980). «Aucune loi n'est respectée en ce moment en Turquie, la démocratie est suspendue, tout comme la Constitution», s'est insurgé le leader du CHP lors d'une conférence, qui s'est tenue au siège du parti. Au pouvoir depuis treize ans, le Parti de la justice et du développement (AKP) du président Recep Tayyip Erdogan a perdu sa majorité absolue lors du scrutin législatif du 7 juin, le contraignant à négocier avec l'opposition pour la formation d'un gouvernement de coalition. Négociations qui se sont soldées par un échec. Le CHP et le Parti de l'action nationaliste (MHP, droite), qui ont respectivement rassemblé 25% et 16,3% des suffrages, ne sont pas parvenus à un accord avec l'AKP. Pour le CHP, Recep Tayyip Erdogan a délibérément fait échouer les négociations pour mener le pays vers un nouveau scrutin dans l'espoir d'obtenir de meilleurs résultats. Le président turc, qui doit rencontrer le président du Parlement aujourd'hui pour déterminer les conditions d'un nouveau scrutin, a d'ores et déjà appelé à des législatives anticipées pour le 1er novembre. Les sociaux-démocrates disent être prêts à une coalition avec l'AKP, à condition d'opérer trois changements majeurs en matière de politique étrangère, qui a fait «un changement à 180 degrés», d'économie qui a un «gros problème» et de système éducatif «qui ne satisfait aucun parent».