Le trafic est intense dans les deux sens. L'estivant prend alors la mesure de ce qui l'attend comme désagréments dans ses déplacements. Les structures hôtelières, bien que nombreuses, ne suffisent plus pour accueillir les touristes. La parade est toute trouvée : hébergement chez l'habitant. Pour 8000 DA la nuit dans un F3 équipé, les offres sont multiples. Des affiches sont collées aux murs, des pancartes proposant des appartements à louer sont exhibées sur les balcons. Tichy garde sa réputation de destination touristique. Mais, l'été 2015 est un véritable supplice, non pas à cause de la cherté des appartements, mais en raison de la pollution. Le ramassage des ordures n'a pas été effectué pendant onze jours. Les vacanciers de ce mois d'août sont déçus. Des amas d'ordures côtoient les commerces et les restaurants. Les odeurs pestilentielles se disputent l'air aux effluves de grillades. Le maire de Tichy, M. Kadi, s'en lave les mains. Il inonde les murs de sa ville d'affiches de différents formats. L'édile communal explique : «Le 12 août 2015, la décharge publique communale de Boutahar a été fermée par des citoyens, arguant du fait que cet équipement génère des effets néfastes pour la vie quotidienne des citoyens.» Sur les hauteurs du lieu-dit Tassift, se trouve une décharge au centre d'une forêt. Les déchets sont incinérés et l'air est irrespirable. Cette méthode est généralisée dans la ville toute proche d'Aokas. Les automobilistes qui empruntent la voie rapide plongent dans une épaisse fumée dégagée par la décharge toute proche de la plage Lota et qui brûle à longueur d'année. Les estivants sont incommodés par cette pollution atmosphérique. M. Boukhalfa, qui a loué pour 15 jours, est reparti au bout de la deuxième journée. La situation est lamentable. Je suis venu pour me reposer et non pas pour inhaler des fumées toxiques», dira-t-il. Dans la région, le ramassage des ordures relève de considérations politiques et non pas une simple question de salubrité publique. Le maire estime dans sa déclaration que son APC est visée par «de tels actes qui nuisent à la réputation de notre commune» et s'interroge sur le choix de la période estivale pour fermer la décharge. Tichy n'est plus ce qu'elle était. Un journaliste de la région opine : «Tichy a perdu de sa superbe. Ce n'est plus la ville balnéaire, calme et belle d'avant. Elle est débordée sur tous les plans. Elle n'arrive plus à contenir les vacanciers, dont plusieurs sont indélicats et indisciplinés». Des rixes éclatent entre des jeunes de la ville et des estivants. Fateh témoigne : «Ils viennent de différentes régions, restent en groupe et s'adonnent à des beuveries tout près des maisons. Regardez vous-même le nombre de bouteilles et de canettes abandonnées sur les rivages et les trottoirs. Ce qui est interdit dans leur ville est permis ici. On ne va pas tolérer les excès». Quand les derniers «aoûtiens» s'apprêtaient à rentrer chez eux, le maire a annoncé enfin la reprise de la collecte des ordures ménagères. La pleine saison a été un gâchis pour Tichy. Un véritable été pourri.