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«Nos fournisseurs n'ont pas été en mesure d'honorer les commandes»
Publié dans El Watan le 07 - 09 - 2015

Le marché du médicament reste un sujet d'actualité et il l'a été durant tout cet été, notamment le problème lié aux ruptures de stock de médicaments. Quelle est votre analyse ?
Jusqu'à un certain point, cela est très compréhensible. Il y a eu des ruptures dans la disponibilité de certains médicaments, ce qui affecte dramatiquement de nombreux patients. C'est un phénomène récurrent qui ne manque jamais d'inquiéter tous les citoyens pouvant être concernés à un moment ou à un autre.
D'une certaine façon, on peut dire que cette pénurie est comme un monstre malfaisant dont on croit s'être débarrassé, mais qui renaît de ses cendres à chaque fois, au moment où on ne l'attend point. Il est donc tout à fait normal et sain que les médias nationaux relaient cette information sensible et interrogent à ce sujet les pouvoirs publics, de même que tous les autres acteurs concernés de la filière pharmaceutique.
En tant que distributeurs pharmaceutiques, cela nous interpelle bien évidemment et nous ne pouvons pas ne pas nous interroger sur quelque chose que nous vivons aussi comme un disfonctionnement.
A la base, il s'agit à nos yeux de problèmes humains, le médicament n'étant pas, chacun le sait, un produit du commerce comme les autres. Et cela va bien sûr au-delà de toute notion quelconque de responsabilité.
C'est comme lorsque l'on est face à un feu, le premier réflexe est de chercher à le circonscrire et à l'éteindre. Cela dit, cet intérêt qui est porté à notre secteur dans son ensemble ne nous semble pas toujours mû par de saines intentions. Ainsi, cette focalisation permanente sur la facture des importations pharmaceutiques finit par susciter des questions.
Tous les mois, le CNIS (institution chargée des statistiques douanières) sort des rapports sur les résultats de notre commerce extérieur et, curieusement, le seul secteur qui soulève débat est celui du médicament. Apparemment, cela ne gêne personne que notre pays importe plusieurs milliards de pacotilles venues du monde entier.
Que le marché du tabac, produit nocif, ait un chiffre d'affaires de plus de 200 milliards de dinars ne semble pas non plus irriter beaucoup de monde. Pourtant, les mêmes qui s'égosillent à longueur d'année sur la facture du médicament vont soulever terre et ciel chaque fois qu'un médicament quelconque vient à manquer.
Et résultat des courses, il faut savoir ce que l'on veut : si notre société exige, comme elle le fait légitimement, des soins de qualité et des traitements innovants, alors il faut bien accepter d'en payer le prix. Et quand un médicament nécessaire n'est pas fabriqué localement, il faut bien l'importer si l'on veut le rendre disponible.
Le Syndicat national des pharmaciens d'officine (Snapo) vous accuse d'être responsable de cette perturbation. Les distributeurs sont donc mis en cause dans cette situation de tension et d'instabilité du marché du médicament…
Merci de nous donner l'occasion de préciser notre point de vue, même si nous nous sommes déjà expliqués là-dessus, à travers un communiqué public largement repris par la presse nationale.
Avant tout, ce qui nous paraît navrant, c'est cette manie chez certains de lancer des accusations gratuites à chaque fois qu'un problème surgit. Nous pouvons admettre qu'un distributeur donné cède à des pratiques illégales et, dans un tel cas de figure, notre association sera la première à le condamner.
De plus, si quelqu'un viole la loi, alors il y a la voie des tribunaux qui est toujours ouverte. Mais aller jusqu'à incriminer gratuitement toute une profession, comme l'ont fait certains responsables au niveau du Snapo, ce n'est pas une attitude sérieuse et responsable.
Du reste, si les perturbations affectent autant d'acteurs sur un marché donné, c'est bien la preuve que nous sommes face à un problème structurel qui devrait plutôt faire appel à un traitement de fond.
Et en ce qui concerne nos membres, le constat est très simple : nos fournisseurs n'ont pas été en mesure d'honorer les commandes habituelles que nous leur passons, pour un certain nombre de produits. Nous ne pouvons livrer des produits qui n'existent pas.
C'est ce qui s'appelle bel et bien une rupture d'approvisionnement. A partir de là, tous les professionnels savent que toute rupture finit toujours par générer un choc qui se diffuse en aval de l'ensemble du circuit, avec des tendances à la rétention de produits à tous les niveaux, y compris celui des pharmaciens et des patients.
Cette attitude, bien connue des spécialistes, s'accompagne d'un phénomène d'amplification du déficit en produits qui met toujours du temps à se résorber.
Et puis, en tant que distributeurs, notre métier est de livrer nos clients et l'intérêt de nos membres est de pouvoir livrer plus de produits, sachant que les prix de ces produits, comme les marges qui leur sont appliquées, sont fixés directement par les pouvoirs publics.
Alors, si le marché était vraiment approvisionné et que les produits étaient disponibles, au nom de quelle logique irions-nous jusqu'à organiser une entente entre tous les distributeurs concurrents pour gonfler les stocks de nos entrepôts ? Il est certain que ces situations de rupture sont éprouvantes et peuvent pousser à bout les nerfs des plus fragiles.
Mais si l'on peut comprendre les réactions de patients qui souffrent dans leur chair, cela est moins évident pour des professionnels qui ont pour obligation la retenue et le sens de la mesure.
A l'Adpha, nous sommes encore une fois d'avis que le réseau national des pharmaciens est un maillon essentiel de la politique de santé publique et que rien de solide et de sérieux ne se fera sans eux sur le marché du médicament.
Et comme nous sommes parfaitement conscients qu'ils accomplissent leur noble mission dans des conditions souvent ingrates, nous les assurons une fois de plus de notre disponibilité au dialogue et nous sommes prêts à tout mettre sur la table.
Vous reconnaissez donc que les pharmaciens d'officine subissent de fortes pressions du fait des perturbations du marché du médicament…
Nous n'avons jamais prétendu le contraire.
Ce que nous disons, nous, c'est simplement que les difficultés actuelles ne doivent pas conduire à des réactions intempestives qui ne servent à rien.
On peut dénoncer des ruptures préjudiciables sans verser dans l'invective et sans faire d'amalgame. Après tout, le phénomène des ruptures se produit partout à travers le monde, y compris dans les pays développés ; il est inhérent à un marché du médicament qui fait l'objet d'un encadrement très fort et souvent tatillon de la part de la puissance publique.
Dans ces conditions, et pour prendre un exemple, cela ne mène pas à grand-chose d'évoquer une liste de 300 produits en rupture, sachant que beaucoup d'entre eux ont été remplacés par des génériques moins coûteux et le plus souvent réservés à la production nationale.
Comme acteurs du marché national du médicament, nous ne pouvons pas nous désolidariser d'une politique publique qui cherche à économiser les ressources du pays, à promouvoir le générique pour améliorer l'accès aux soins et à stimuler le développement d'une industrie pharmaceutique locale.
Cela étant dit, il faut reconnaître que les pharmaciens d'officine font quelquefois les frais de cette politique publique. Ils ont vu, ainsi, leurs marges comme leurs chiffres d'affaires s'éroder très sensiblement au cours des dernières années et ils sont trop souvent seuls à se débattre dans un système d'organisation très complexe et face à une administration qui gagnerait à mieux entendre leurs doléances légitimes. Nous-mêmes, en tant que distributeurs, sommes confrontés à des difficultés similaires.
Et c'est pourquoi nous estimons que ce n'est qu'en travaillant de concert que nous pourrons faire évoluer le système d'organisation actuel et mieux défendre nos intérêts. Nous avons définitivement intégré l'idée que les démarches individuelles resteront vouées à l'échec. Notre main restera donc toujours tendue pour ceux qui voudront agir avec nous en ce sens.
Il semble donc qu'une certaine tension règne dans vos relations ?
A l'Adpha, notre analyse est claire et sereine. Nous sommes absolument convaincus que, dans l'intérêt de tous, celui de nos patients d'abord, mais aussi celui de tous les intervenants dans la chaîne du médicament, l'attitude qui doit toujours prévaloir est celle de l'échange et de la concertation.
Tous les maillons du circuit sont indispensables au bon fonctionnement de notre marché et aucun d'eux ne doit se sentir exclu du débat, mais aucun non plus ne doit tenter d'imposer aux autres sa propre vision des choses.
A partir de là, et si l'on excepte ces vociférations stériles qui ne conduisent nulle part, nous avons toutes les raisons de croire que les solutions aux problèmes de tout le monde existent et peuvent être trouvées à travers le dialogue entre nous.
Comme distributeurs, nous assumons un rôle majeur dans la livraison de produits essentiels sur un territoire immense, à un coût économique minimal fixé par la puissance publique, dans le respect d'une traçabilité totale de nos opérations et avec des performances techniques indéniables.
Ceux qui nous accusent aujourd'hui savent pertinemment que nous livrons directement les commandes de toutes les officines du pays à des cadences qui peuvent aller jusqu'à quatre fois par jour, là où, des années auparavant, c'était aux pharmaciens à aller faire la chaîne devant les entrepôts publics.
Ils devaient payer à l'avance des commandes dont ils ne pouvaient même pas vérifier qu'elles étaient dûment honorées. Maintenant, pour ceux qui l'ignorent, il faut rappeler qu'il existe déjà un Comité de concertation qui rassemble toutes les parties intéressées au marché du médicament, y compris bien sûr les autorités publiques.
Ce Comité se réunit de manière régulière depuis plus de deux années et, en dépit des insuffisances qu'on pourrait lui prêter ou des critiques qu'on peut lui adresser, il constitue un cadre de débat tout à fait ouvert et opérationnel.
Aussi, à ces quelques responsables du Snapo qui nous ont pris à partie au cours des dernières semaines, nous leur disons notre étonnement de les voir réagir aussi violemment, alors même qu'il leur était loisible de soulever toutes leurs objections dans ce cadre organisé.
La nouvelle loi sanitaire consacre justement tout un chapitre à l'industrie du médicament.
Comment appréhendez-vous l'avenir immédiat ?
Dans le secteur du médicament, qui est par essence un espace très fortement réglementé, il se trouve que c'est la puissance publique qui détient les clefs des changements, que ce soit pour nos approvisionnements, pour les prix de nos produits, comme pour toutes les règles générales applicables au quotidien à notre activité.
Il y a un certain nombre de choses qui bougent dans le bon sens, même si, quelquefois, nous sommes exaspérés, que nous trouvons les progrès trop lents et que nous pouvons beaucoup mieux faire.
Nous avons ainsi été associés aux travaux préparatoires de ce projet de loi sur la santé qui introduit quelques aspects positifs, comme le renforcement du cadre réglementaire des produits.
Nous attendons également ce cahier des charges qui devrait intervenir pour clarifier les responsabilités des uns et des autres dans la mise en œuvre effective des bonnes pratiques de distribution. Nous restons également vigilants quant aux risques que la crise économique, qui frappe notre pays, fait peser sur nos activités.
A cet égard, nous sommes préoccupés par le fait que nos marges de distribution, au stade du gros comme au stade du détail, sérieusement entamées jusqu'ici, puissent être davantage laminées à l'avenir. Les autorités concernées ont certes un langage rassurant à ce sujet, mais il nous appartient, à nous tous, de rester vigilants et de partager des positions communes et solidaires face aux menaces potentielles qui s'annoncent.


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