«Si les médicaments produits localement étaient de mauvaise qualité, les patients auraient pris à partie les pharmaciens et dénoncé cela publiquement.» La notable progression qu'a connue l'industrie pharmaceutique ces dernières années en Algérie en volume et en valeur n'a pas pu venir à bout de certaines pratiques malhonnêtes auxquelles s'adonnent certains pharmaciens. La surfacturation de certains médicaments et le phénomène du «cabas» sévissent encore dans certaines officines. La conférence qu'ont organisée hier les trois principales associations intervenant dans le secteur du médicament, à savoir l'Unop, le Snapo et l'Adpha à Alger pour la création de la Fédération algérienne du médicament, s'est transformée en une véritable séance de plaidoyer pour les présidents desdites associations. Le phénomène de la surfacturation, s'il existe, «ce n'est pas aux associations de le dénoncer, c'est à l'autorité chargée de cette mission de le faire», a répondu Abdelouahed Kerrar, président de l'Union nationale des opérateurs d'officines (Unop). Le phénomène du cabas qui consiste en l'achat par le pharmacien des médicaments à partir de l'étranger pour certains malades, au détriment des médicaments produits localement, ce n'est pas un phénomène propre aux pharmaciens algériens et il est vraiment minime en Algérie. «C'est un phénomène mondial. L'Etat a pris plusieurs mesures pour lutter contre cela. Les services des douanes ont été instruits de saisir au niveau des ports et des aéroports tous les médicaments importés qui sont produits localement ou sans autorisation d'importation préalable», a répliqué de son côté Messaoud Belmambri, président du Syndicat national des pharmaciens d'officines (Snapo). Pour ce qui est de la qualité des médicaments produits localement, dont certains disent qu'elle laisse à désirer, les intervenants ont réfuté énergiquement ce jugement. «Si les médicaments produits localement étaient de mauvaise qualité, les patients auraient pris à partie les pharmaciens et auraient dénoncé cela publiquement. Or, jusqu'à ce jour, rien n' a été enregistré dans ce sens», a fait remarquer M. Kerrar. De plus, «l'Algérie dispose d'un Laboratoire national de contrôle des médicaments. Donc tout ce qui se dit, ce n'est que de la pure spéculation», a-t-il ajouté. Un autre argument qui remet ces accusations en cause, «est le fait que les médicaments algériens sont actuellement exportés dans de nombreux pays africains et dans certains pays européens, tels que la France». Sur la question dénonçant le manque d'approvisionnement de certaines officines de l'Algérie profonde en médicaments, l'ex- athlète et champion olympique Hassiba Boulmerka, présidente de l'Association des distributeurs pharmaceutiques algériens (Adpha) a démenti cela, en disant que toutes les officines de pharmacie de l'Algérie sont alimentées au même niveau. «En dépit des difficultés majeures que rencontrent les distributeurs de médicaments (cherté du transport, absence du réseau routier), ces derniers tiennent à relever le défi et font parvenir le médicament jusqu'à la pharmacie la plus reculée de l'Algérie. Et ce n'est pas tout, les distributeurs veillent aussi à ce que les médicament soient disponibles au niveau des pharmacies 24h/24 et 12 mois sur 12», a-t-elle souligné. Répliquant par ailleurs sur la question selon laquelle l'effort des fabricants des médicaments est insignifiant, dés lors que la facture de l'importation des médicaments a augmenté en 2016, M.Kerrar a précisé que «si ce n'était pas la production nationale en médicaments qui a augmenté, la facture des médicaments aurait été multipliée», rappelant que la production nationale en médicaments est passée de 12% sur les besoins de l'Algérie en médicaments en 2004 à 50% en 2016. Parlant par ailleurs, de la nécessité de la création de la Fédération nationale du médicament, les intervenants ont fait savoir que la création d'une telle instance est devenue, eu égard à l'essor que connaît le secteur du médicament en Algérie, une urgence absolue. «Les fabricants locaux du médicament ont désormais besoin d'une partie qui les représentera auprès des pouvoirs publics et qui a défendu leurs droits», se sont accordé à dire les intervenants, d'autant plus que les pouvoirs publics considèrent le domaine de l'industrie pharmaceutique, comme l'un des secteurs qui pourraient se substituer à terme au secteur des hydrocarbures. Interrogés par ailleurs sur la différence qui pourrait exister entre la Fédération nationale du médicament et l'Agence nationale du médicament que le ministère de la Santé compte créer prochainement, les intervenants ont fait savoir que l'Agence nationale du médicament serait une autorité qui représenterait l'Etat et du coup, aura des prérogatives administratives, tandis que la fédération sera là pour défendre et parler au nom des pharmaciens. «Néanmoins, les deux travailleront dans l'intérêt de l'Algérie et des malades algériens.», a tranché Hassiba Boulmerka.