C'est hier que des centaines de milliers de fidèles musulmans, encadrés par un dispositif de sécurité renforcé, ont terminé le pèlerinage annuel de La Mecque, deux jours après la plus tragique tragédie qui a endeuillé ce rassemblement depuis un quart de siècle. Près de deux millions de fidèles, dont 1,4 million venus de l'étranger, y ont participé. Le bilan de la tragique bousculade, survenue jeudi lors du rituel de la lapidation de satan à Mina, près de La Mecque, a atteint 769 morts et 934 blessés. L'annonce a été faite hier par le ministre saoudien de la Santé, Khaled Al Faleh. Un précédent bilan du drame faisait état de 717 morts et 863 blessés. Les autorités saoudiennes sont très critiquées concernant leur organisation du hadj avant et après la bousculade meurtrière. Les images de corps entassés les uns sur les autres comme des bêtes ont choqué la planète. La promesse de l'Arabie Saoudite de diligenter une enquête «rapide et transparente» n'a pas calmé la colère des pays musulmans. Riyad est même pointée du doigt, surtout que de nombreux médias ont rapporté vendredi que «la sécurité du pèlerinage a été confiée à une société israélienne». Douleur des familles Le fait que les autorités saoudiennes n'aient pas encore établi de liste des victimes par nationalité a accentué la douleur des familles touchées par le drame. De nombreux pèlerins étaient toujours hier confrontés à la pénible tâche d'essayer de retrouver des proches, morts ou vivants. Une anarchie indescriptible règne à La Mecque. Riyad n'a pas non plus rendu publics les premiers éléments de son enquête, qui «prendra (encore) du temps», selon le commandant des forces de sécurité en charge du hadj, le général Abdelaziz Al Souly. Cité par la presse locale, ce dernier a ajouté qu' «un rapport détaillé et complet sera soumis au serviteur des deux Saintes Mosquées», le roi Salmane. Des pèlerins ont expliqué la bousculade par la fermeture d'une route à Mina, une ville de tentes blanches érigée près du site de la lapidation, et la mauvaise gestion par les forces de sécurité du flux des fidèles. L'Iran, qui a payé le prix fort de la bousculade avec un bilan revu à la hausse de 136 morts, 102 blessés et 344 disparus, a, rappelle-t-on, vivement mis en cause l'Arabie Saoudite et réclamé d'être associé à cette enquête. En Turquie, un dirigeant de l'AKP au pouvoir a proposé, par ailleurs, que son pays organise le hadj car «les Lieux Saints de l'islam appartiennent à tous les musulmans», des propos dont le président Recep Tayyip Erdogan s'est désolidarisé. Sept algériens morts Côté algérien, trois nouveaux décès ont été enregistrés, portant ainsi le nombre de morts à sept, a indiqué hier un communiqué du ministère des Affaires étrangères (MAE). Il s'agit de Ouled Abdelkader Lakhdar, Chena Afrou Kada (originaire de la wilaya de Tamanrasset) et de Mourad Rebiha épouse Boudjlis (originaire de la wilaya de Sétif), précise la même source. Ces nouvelles victimes s'ajoutent aux quatre décès annoncés vendredi, a ajouté le MAE. Concernant les blessés, une première liste de douze personnes, dont trois non encore identifiées formellement, donne les noms de Amara Benahmed (originaire de la wilaya de Naâma), Cherchali Hamiti (âgé de 48 ans), Haidoun Mohamed Cherif (62 ans – Tizi Ouzou), Dib Saïda (membre de l'équipe médicale), Si Ammar Abdelmadjid, Rezki Ahmed (originaire de la wilaya de Naâma), Ziad Hocine, Rezig Brahim et Lakhdar Smaïl, relève le communiqué. Les équipes sur place continuent leurs efforts pour localiser et identifier l'ensemble des victimes algériennes, a rassuré le MAE. «La cellule de crise installée au ministère des Affaires étrangères, en coordination avec celle du ministère des Affaires religieuses et des Wakfs, continue de suivre l'évolution de la situation de nos pèlerins aux Lieux Saints, en liaison permanente avec le consul général à Djeddah, l'équipe médicale et l'ensemble des structures de la baâtha», a conclu le ministère.