Les stigmates du séisme de 1980 persistent même au niveau de l'appellation des quartiers en préfabriqué de Chlef et de Chettia. En effet, on continue à désigner ces derniers par « zones », « radar » et autres noms qui rappellent la triste époque. Si les cités ont été baptisées presque dans l'anonymat, les rues restent carrément sans appellation officielle compatible avec les noms des zones urbaines. Cela a, bien entendu, poussé les habitants à créer leurs propres repères aussi bien pour la réception du courrier que pour les arrêts de bus, c'est-à-dire au lieu de la cité X, on préfère la « zone 1, la zone 3 et ainsi de suite ». Pour ceux qui s'y rendent pour la première fois, cela s'apparente à un véritable imbroglio où il est difficile de localiser ou de situer la position de tel ou tel quartier. Le phénomène s'étend, malheureusement, à toutes les agglomérations où sont concentrées les 18 000 habitations en préfabriqué datant du tremblement de terre d'il y a 29 ans. Pour les Chélifiens, une telle situation est assez significative de l'oubli et de l'exclusion dont souffrent les sinistrés. « Si on n'est pas capable de changer les noms des quartiers, comment peut-on changer le dur quotidien des milliers de familles en détresse ? », s'interrogent certains d'entre eux, non sans pointer du doigt les députés et responsables ayant tourné le dos aux préoccupations majeures de cette catégorie de la population.