Le flux d'étudiants hors du commun enregistré cette année coïncide, à Oran, avec la livraison imminente, ou à court et moyen termes, de plusieurs infrastructures, mais surtout avec la division, pour la première fois, de l'université d'Oran, en deux entités autonomes l'une de l'autre. L'historique université d'Es-Sénia devient Oran I et porte le nom de l'ancien président de la République, Ahmed Ben Bella, tandis que la nouvelle, située à Belgaïd (Oran II), à l'extrême est de la ville, est baptisée du nom de Mohamed Benahmed (commandant Moussa durant la guerre d'indépendance), connu notamment pour avoir, vers la fin de la décennie 1990, constitué le premier comité de soutien à la candidature de Abdelaziz Bouteflika. Ces nouvelles réalisations n'ont pas été initiées en prévision des effectifs supplémentaires générés par la réforme du système éducatif décidé en 2008. Elles vont à coup sûr atténuer la pression, mais ne résoudront pas le problème du doublement soudain des effectifs. «Il était temps parce qu'Oran a accumulé un retard immense dans le domaine des infrastructures universitaires», tempère un ancien vice-recteur, qui rappelle : «Oran est quand même la deuxième université après Alger, mais nous avons vu naître puis se développer des centres universitaires dans d'autres wilayas, alors qu'Oran a été en quelque sorte laissée à la traîne.» Le nombre de nouveaux bacheliers, qui a doublé par rapport aux années précédentes, va, en plus, renvoyer aux calendes grecques le projet de transfert des facultés qui sont restées à Es-Sénia, sur le site historique constitué par d'anciens baraquements militaires cédés par l'armée dans les années 1960. L'université d'Oran a commencé par squatter des infrastructures mal adaptées, à l'exemple de l'ancien ITE (Institut de technologie de l'éducation) pour abriter les langues étrangères, ou alors ce qui aurait pu être l'Institut de génie maritime, un projet d'envergure pour l'architecture et la construction navale, entamé, mais abandonné tout de suite après durant les années 1980. La bâtisse qui l'entoure et qui porte toujours le nom de IGMO a été récupérée pour être adaptée à des spécialités qui n'ont rien à voir avec la destination d'origine, telles que les sciences commerciales. Prolongement Cette année, un nouvel édifice, conçu spécialement pour abriter les étudiants de l'Institut de maintenance et de sécurité industrielle a été livré. Le nouvel IMSI n'est pas encore complètement équipé (certains travaux sont toujours en cours comme le raccordement au réseau téléphonique), mais accueillera les étudiants avec, en prime, l'ouverture de trois filières contre une seule auparavant. «Nous allons accueillir 180 nouveaux inscrits et on nous a demandé de faire un effort pour aller jusqu'à 250 sur un effectif global de 600», indique un cadre de cet institut relevant de l'université Oran II, même s'il est situé à proximité d'Es-Sénia, sur le site de l'ex- Institut algérien du pétrole (IAP). Un nouvel institut des sciences islamiques offrant 3000 places pédagogiques devra être livré fin octobre. En attendant, l'ancienne faculté enregistre 700 demandes d'inscription, contre 300 prévues habituellement. De la même manière, un nouvel édifice devant abriter la faculté de biologie est également attendu pour les prochaines semaines avec une capacité de 3000 places pédagogiques. La pression demeurera sur les langues étrangères, car le nouvel édifice qui sera affecté à ces spécialités ne sera livré que dans une année, mais il règlera définitivement le problème de la surcharge actuelle des classes de cours. A titre illustratif, à elle seule avec ses 6 facultés (médecine, sciences exactes, sciences naturelles, sciences islamiques, littérature arabe et traduction), Oran I accueille 27 000 étudiants. «17 000 sans les sciences médicales», précise Tahri Belkheir, le vice-recteur chargé de la pédagogie, qui préconise l'utilisation maximale des moyens existants avec la possibilité d'allonger la durée des journées de cours en tenant compte du fait que le transport universitaire va suivre en fonction des besoins. Le réaménagement des horaires de cours est confirmé par Larbi Chaheb, recteur, qui estime que «nous sommes le seul pays où les cours universitaires s'arrêtent avec les horaires administratifs alors qu'ailleurs la flexibilité est de mise». Le problème de la sécurité reste posé, notamment là où les facultés sont excentrées, mais là aussi la réponse est simple : «L'activité génère elle-même de la sécurité. Un endroit fréquenté le soir est plus sécurisé que lorsqu'il est vide.» De l'avis de plusieurs d'entre eux, les enseignants sont prêts à faire des sacrifices, mais la qualité de l'enseignement est toujours d'actualité, surtout lorsque les conditions optimales ne sont pas réunies : «Certes nous assurons les cours, nous donnons des notes et c'est relativement facile pour nous, mais enseigner véritablement c'est une autre histoire.» Djamel Benachour